Polantis a rencontré Laurent Hénin, BIM Manager au sein du bureau luxembourgeois BALLINIPITT Architectes Urbanistes et auteur du blog BIMBlog.lu. Voici une interview relatant son parcours, ses projets BIM et son point de vue sur les objets BIM.
En tant qu’acteur de la construction, que pensez-vous de cette nouvelle méthode de travail qu’est le BIM ?
Vous parlez à un convaincu du BIM au sens large; tant au niveau des outils que des méthodes de collaboration. A ce propos, il y a une définition du BIM qui me tient à cœur : Bonne Information Modélisée. J’y reviendrai un peu plus loin au cours de cette interview.
Je pense que cette nouvelle méthode de travail intéresse, interroge, interpelle beaucoup de professionnels. Il est assez difficile de se situer, d’évaluer les réels bénéfices du BIM tant qu’il n’y aura pas une ligne de conduite définie. Pour citer une métaphore, on pourrait comparer le BIM aux transports ferroviaires; si on veut que le train roule, il a besoin de rails ! C’est la même chose pour le wagon du BIM; construisons lui des rails (guides, protocoles, bonnes pratiques, projets pilotes, etc…) afin de profiter des nombreux avantages qu’offre le BIM : rapidité de conception, meilleure compréhension visuelle du projet, réduction d’erreurs de conception et d’exécution.
Comment vous êtes-vous intéressé au BIM, quel a été votre parcours vers cette méthode de travail ?
Comme je le disais dans un autre interview, « Je suis tombé dedans comme Obélix dans la potion magique ».
J’ai toujours travaillé en maquette numérique; c’est mon premier employeur qui m’a mis le pied à l’étrier car il venait d’investir dans l’achat de licences Archicad (version 6.5 à en 2000). Comme vous le savez tous, ce logiciel est un outil orienté objet et maquette numérique. A partir d’un modèle, toutes sortes de livrables (documents graphiques, visuels, feuilles de calculs) peuvent être produits. Pendant 2 années j’ai développé mes compétences sur l’utilisation de la maquette numérique essentiellement des projets d’habitat.
Après cette première expérience, j’ai rejoint une structure plus grande qui travaillait en grande partie surs des projets scolaires et de santé. J’ai développé d’autres compétences dans cette structure en matière de maquette numérique mais aussi en matière de collaboration et de visualisations 3D. Je me rappelle avoir produit des fichiers IFC il y a plusieurs années mais cela n’intéressait personne.
A présent, cela fait 2 ans et demi que j’ai rejoint une structure encore plus importante; il s’agit du bureau BALLINIPITT architectes urbanistes. Nous sommes une équipe pluridisciplinaire de 25 personnes (architectes, urbanistes, techniciens, économistes, IT-manager, secrétariat, 3D artist)
Parlez-nous d’une construction BIM « exemplaire » sur laquelle vous avez pu travailler. Nous avons lu que pour vous « BIM = Bonne Information Modélisée », pouvez-vous développer ?
Je ne dirais pas que cette construction BIM est « exemplaire » mais qu’elle est très intéressante au vu de la vision du BIM que nous sommes en train de mettre en place au sein de notre structure. J’ai commencé ce projet de bureaux (5.200 m²) il y a 2 ans. Il s’agit d’une construction mixte acier, béton dont une bonne partie est préfabriquée.
Outre la documentation „standard“ (plans), nous avons mis en place la production de roombook dynamiques, feuilles de calculs et échangé des modèles IFC. Cela une organisation précise et une utilisation efficace des outils afin qu’une information puisse être exploitée à plusieurs fins.
Par Bonne Information Modélisée, je veux dire qu’il est faut bien réfléchir à Quoi modéliser Comment et pour Qui. On ne peut pas utiliser n’importe quel outil pour concevoir une paroi par exemple. L’information renseignée doit être juste et il n’en faut pas trop (à cet égard, les bibliothèques BIM sont importantes); et pour finir, il ne faut pas modéliser trop de détails au risque de surcharger les modèles. En bref, il faut être bien organisé.
Est-ce que vous ou vos collaborateurs « consomment » des objets BIM ? Qu’en pensez-vous ?
Malheureusement nous exploitons trop peu les objets BIM et cela est dû à notre outil de conception ALLPAN qui accuse un retard sur ses concurrents. Il nous arrive parfois d’utiliser des objets BIM mais au format IFC. Contrairement à un objet BIM au format natif, nous ne pouvons pas paramétrer un objet IFC excepté ses attributs.
Je profite donc de l’opportunité que vous me donnez afin que plus d’objets soient développés pour les nombreux utilisateurs ALLPLAN.
Quel message aimeriez-vous faire passer aux industriels qui sont en amont de la chaîne de la construction ?
Les objets BIM bien paramétrés permettent effectivement de gagner en productivité surtout lorsqu’il s’agit d’objets complexes. Le message que j’aimerais faire passer est qu’il faut développer tous les objets dans le même sens; je pense notamment au niveau de détail (LOD) et au niveau de l’information contenue dans ces objets (LOI ).
Que pensez-vous du Concours BIM 2016 ? L’initiative, les livrables exigés, le programme de pépinière d’entreprises … ?
L’initiative est bonne car elle permet déjà de mettre en avant des bonnes pratiques d’utilisation de la maquette numérique. Plusieurs documents sont disponibles afin de guider les débutants dans la création d’un modèle. Ce concours va offrir la possibilité aux participants de relever des défis sur l’utilisation du BIM.
Enfin, pouvez-vous nous dire un mot sur votre blog BIMBlog.lu ?
BiMblog a été créé il y a un peu plus d’un an parce que je voulais sensibiliser les professionnels à l’utilisation de la maquette numérique en général. Cela me permet d’échanger sur le BIM avec des professionnels et de créer des connexions intéressantes. Cet article en est la preuve !
Pour conclure, je dirais que le BIM est un vrai défi en matière de collaboration et de partage d’informations; c’est pour cela que je citerai cette dernière définition du BIM Better Information Management.
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