Le jeudi 18 septembre, des industriels et professionnels de la construction étaient réunis dans les locaux de Polantis pour assister à une présentation de Razvan Gorcea – Architecte et BIM Manager pour l’atelier d’architecture Michel Rémon et Associés -.
Razvan a entamé sa présentation BIM par un petit exercice pratique. Sa première demande à nos invités fût la suivante : « Faites un schéma ou un croquis de ce qu’est le BIM pour vous ».
Après quelques instants de réflexion et l’analyse des schémas de nos invités, Razvan présente sa vision :
Mais pourquoi ce schéma ? Razvan explique : « Lorsque Michel Rémon m’a proposé la mission de d’intégration du BIM à l’Atelier , il a abordé le sujet par la coordination du projet avec la maquette numérique au centre des échanges entre les acteurs d’un projet. Voici donc un schéma similaire, le « A » c’est l’architecte . »
Razvan explique avoir alors pris un rôle transversal au sein de l’Atelier, qui a commencé progressivement avec un projet pilote et un groupe restreint. Deux ans plus tard, tous les architectes étaient formés et tous les nouveaux projets étaient menés en BIM collaboratif.
Une agence très structurée
Razvan explique : « Sur une période de deux ans, nous avons organisé de nombreuses réunions. C’est grâce à ces réunions que nous avons pu apprendre énormément et surtout que nous avons pu échanger sur des sujets très variés comme les bibliothèques de l’agence, la collaboration avec les ingénieurs, les retours d’expérience des projets… ».
« Il faut être très structuré quand on transforme le système de fonctionnement d’une agence. L’organisation interne doit être cohérente avec la démarche. Il faut apprendre à travailler avec les économistes et les autres acteurs du projet ». Bien avant la question des logiciels c’est avant tout l’organisation et le fonctionnement de l’atelier (et dans notre cas les structures étaient bien mises en place avant le passage au BIM) ».
Un projet d’architecture ne se juge pas par rapport à la qualité BIM de sa maquette, mais par sa qualité architecturale. Pour « faire du BIM », il faut d’abord bien connaître son activité, bien maîtriser son métier et voir ce que le BIM implique dans son propre périmètre. Il insiste : « Il faut mettre le BIM au profit de ses compétences et ne pas se contenter de créer une entité BIM en parallèle de son activité « classique ».
L’atelier Michel Rémon & Associés est certifié ISO 9001 depuis 2008.
En 2015, l’atelier a intégré également les chartes BIM dans le Système de Management de Qualité ISO 9001. Razvan a insisté sur son importance pour l’agence car ISO 9001 concerne tous les processus de l’agence.
Les projets BIM de l’Atelier
« Le premier projet pilote a été livré en 2016 » explique-t-il. L’agence a commencé par un projet en phase PRO – le projet du Centre de Recherche et Développement d’Airbus Helicopters à Marignane – qui était un projet de conception/réalisation avec Bouygues Bâtiment Sud-Est. Il ajoute : « Aujourd’hui, nous avons trois chantiers en BIM en cours de réalisation : le centre de recherche Air Liquide – Saclay, l’Hôpital Edouard Herriot à Lyon et deux nouveaux bâtiments au CHU Le Mans. L’agence travaille sur des projets de grande taille – avec une complexité soit architecturale soit technique – et dans un domaine spécifique qu’est celui des bâtiments médicaux, laboratoires de recherche, industrie et tertiaire associé, etc.
Tout au long de sa présentation et grâce à de nombreux retours d’expérience, Razvan a eu l’occasion de répondre à certaines questions récurrentes des Jeudi Prescription : quels sont les avantages et les limites du BIM, les questions concernant son implémentation en agence, le niveau à adopter pour chaque phase du projet, les difficultés rencontrées avec les différents acteurs du projet, le rôle de chacun dans cette démarche…
Le BIM : une question de flexibilité ?
Selon Razvan, « il faut être flexible dans sa conception dès la phase amont et avoir des méthodes souples ». À travers la description des projets menés par l’atelier, Razvan a eu l’occasion de parler de son expérience des trois dernières années. Il explique à nos invités l’importance selon lui de se retrouver, de voir comment fonctionner ensemble. Savoir comment le maître d’ouvrage va pouvoir exploiter les données. Savoir ce que l’on va donner en tant que données brutes et ce qu’on aura à la sortie en tant que données cohérentes…
« Il faut savoir sortir du cadre de la maquette pour savoir de quoi a réellement besoin le client. »
Quid du BIM en phase de concours ?
Razvan explique que l’agence a mis du temps à entrer en phase concours car quand on apprends dans les phases PRO on gagne beaucoup en productivité mais cela ne paraît pas très souple. Il ajoute : « Ce qui importe en BIM en phase concours, c’est surtout de gérer les énormes bases de données » ajoute-t-il. Donc, il peut avoir des avantages partout – à chacun de les inviter.
Le BIM niveau 3 ?
« Avant de passer au niveau 3, il faut déjà faire du bon niveau 2 ! C’est déjà très bien de faire du bon niveau 2 et réussir à bien intégrer les économistes, les bureaux d’études, le maître d’ouvrage et les constructeurs ». Pour Razvan, « le BIM niveau 3 n’est pas encore un sujet, cela ne peut pas marcher d’un point de vue contractuel pour le moment ». Il ajoute : « Tout cela sera une question de règles à mettre en place pour pouvoir gérer toutes ces responsabilités. Mis à part les questions technologiques, il faudrait surtout développer de (nouveaux) modèles de collaboration entre les acteurs. »
Le contrat BIM
L’atelier participe au développement de outils contractuels ou guides (Par exemple la MAF ou Mediaconstruct). « Le protocole BIM d’un projet aborde, entre autres, la question des paramètres et de ce que l’on va pouvoir extraire des maquettes. »
La question du contrat BIM s’est posée pour le projet qui leur a valu un BIM d’argent en 2016. Ce projet concernait la co-direction du processus BIM mis en place pour la construction du nouveau Plateau Technique de l’Hôpital Édouard Herriot à Lyon – processus avec 13 intervenants en loi MOP. C’est un projet effectué pendant 2 ans en étude en Autocad et en phase d’appel d’offre le BIM a été proposé. L’agence voulait rester maître d’œuvre du projet et a donc essayé de mettre en place un cadre de collaboration signé par tout le monde. La démarche de l’agence a été de dire qu’ils allaient transférer la maquette vers les entreprises. Il fallait donc bien encadrer ce projet.
©ATELIERD’ARCHITECTUREMICHELRÉMON Modernisation de l’Hôpital Edouard Herriot Lyon – La maquette numérique GUIDE du nouveau plateau technique d’environ 20 000 m² SDO. Décomposition en modèles de réalisation de chaque lot. Maîtrise d’Ouvrage : Hospices Civils de Lyon. Maîtrise d’Œuvre : Atelier d’Architecture Michel Rémon (architecte mandataire), WSP (bureau d’études TCE), GBA&CO (Économiste). Entreprises : BOUYGUES BÂTIMENT SUD-EST (GOE/Clos-Couvert/CEA)/ SPIE-ORIOL (CVC/Plomberie/Désenfumage)/SNEF (Électricité CFO/CFA)/Air Liquide Santé (Fluides Médicaux)/Copas MPA (Transports pneumatiques)/ Gambro (Eau osmosée)/Otis (Ascenseurs).
Les avantages du BIM
Razvan explique : « Le BIM c’est ce que les architectes n’ont pas forcément appris à l’école. On a tous appris un métier avec un dessin, avec une coupe, un plan … même de la 3D mais le BIM ce n’est pas de la 3D c’est aussi gérer une base de données – de l’Information Management – ainsi qu’utiliser un mode de conception paramétrique. Dans l’enseignement « classique » de l’architecte il n’y a pas de formation sur les bases de données et assez peu sur le computational design. »
Il ajoute : « Mais par rapport à un mode de conception « classique » il y a plusieurs intérêts. A mon avis chaque cas se juge indépendamment, en fonction du type de projet, des interlocuteurs et leur niveau d’expertise BIM, etc. Il faut créer un cadre développement global BIM Management du projet et faire comprendre le maitre d’ouvrage sa valeur ajoutée, en fonction de la phase du projet (et ses cas d’usage correspondants). Ainsi, suivant les cas de figure, il peut avoir de missions complémentaires ou des honoraires qui se déplacent vers l’amont du processus, etc. Certes, les gains sont souvent jugés sur la globalité du projet, voir son coût global ou sa durée de vie. »
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