Polantis a rencontré Michel Droin, Dirigeant de Batisol Plus, Président du GT BIM à la FFB et Trésorier d’ADN Construction. Voici une interview relatant les prises de position de la FFB sur le sujet du numérique et ses actions à venir.
Quand avez-vous découvert le BIM ?
J’étais sur un salon il y a quelques années et je me suis approché d’un exposant qui était tout seul sur son stand, occupé à son ordinateur. Il projetait une maquette numérique sur son stand. Nous avons un peu échangé et abordé le sujet du BIM.
A partir de là, j’ai commencé à me renseigner et à me demander pourquoi la FFB n’abordait pas encore les questions du BIM et du numérique. Jacques Chanut m’a répondu que c’était un bon sujet et m’a d’emblée proposé de monter un groupe de travail sur ces perspectives.
Qu’en est-il de l’arrivée de la FFB au sein d’ADN Construction, dont vous avez d’ailleurs été nommé Trésorier ? Quand l’association va-t-elle commencer à prendre la parole ?
Le calendrier n’a pas encore permis que l’on s’exprime car nous avons fondé l’association avant l’été. Fin septembre, nous avons accueilli Benoit Senior au poste de secrétaire général de l’association. Son arrivée va contribuer à fédérer la parole de tous les adhérents.
Avant de nous exprimer dans tous les médias, notre priorité est de nous positionner comme interlocuteur de confiance auprès des pouvoirs publics sur les aspects numériques du Plan Logement et de continuer à rassembler tous les acteurs de la construction qui ont réussi durant 3 années à échanger autour d’une table, celle que le Plan de Transition Numérique du Bâtiment (PTNB) leur a ouvert.
Pour la première fois, les Fédérations et syndicats représentant l’ensemble des métiers de la construction se sont rassemblés, ont échangé, construit et ont appris les uns des autres. Nous voulons prendre le relai de Plan transition numérique du Bâtiment pour que cela continue, dans l’intérêt général.
Pourquoi la FFB contribue-t-elle à la promotion du numérique dans le bâtiment ?
La FFB est persuadée que la transition numérique du Bâtiment permettra, après la phase d’apprentissage, de construire mieux et que la réussite de cette transition numérique et du BIM passe par une appropriation de nouveaux outils et de nouveaux process par tous les acteurs, quelle que soit leur taille et leur métier.
Il est important que la FFB prenne la parole sur ce sujet et surtout qu’elle prenne position pour que demain les outils et modes de collaboration liés au BIM, qui s’imposeront, demeurent respectueux des pratiques et des savoir-faire de chacun. Ce chemin vers le progrès est inéluctable et la FFB veille à ne laisser personne sur le bord du chemin.
A la FFB, nous souhaitons rassurer les acteurs de la construction et les accompagner sur ce chemin. Il faut en premier lieu déjà donner l’envie et les moyens de s’intéresser au numérique à tous les acteurs. Nous nous impliquons largement pour faire entendre la voix de ceux que nous représentons et ce, au sein du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment, au Ministère du logement, ou encore à ADN Construction.
Le sujet de l’interopérabilité est-il un sujet que vous traitez en priorité ?
Bien sûr, il est traité via le PTNB et son comité technique.
L’interopérabilité est un sujet essentiel et nous devons travailler à améliorer le format d’échange IFC. Par exemple, aujourd’hui, il y a beaucoup d’outils (logiciel, App, etc.) faits par de petits éditeurs qui s’interrogent : ce n’est pas gratuit de proposer, en plus, une conversion en format IFC. Ces éditeurs veulent bien investir mais ils ont besoin de savoir où ils vont et pourquoi ils y vont.
A la FFB, nous voulons les rassurer sur ce point et être à leurs côtés, c’est ce que nous faisons en nous investissant sur ce sujet.
Ce type de réflexions menées par un maximum d’acteurs permet d’éviter les positions hégémoniques de certains leaders qui, sous prétexte de simplification, pourraient compliquer l’accès au « BIM pour tous ».
Revenons au sujet du BIM, qu’est ce qui fait, pour vous, un bon objet BIM ? Réfléchissez-vous au sujet ?
C’est un objet qui est enrichi avec l’information pertinente ; certains éléments concernant la performance du produit, son mode de mise en œuvre, ses éléments de maintenance, etc.
Il faut écrire des règles et s’organiser collectivement pour que les objets soient définitivement fonctionnels. L’objectif à terme ? Que les informations contenues dans l’objet soient celles qui sont utiles à tous les acteurs du bâtiment, suivant son stade de vie, sans surplus de donnée inutile. La difficulté est de répondre aux besoins de tous (maîtres d’ouvrages, maitres d’ouvres, fabricants, constructeurs …) sans pour autant créer une usine à gaz.
L’intérêt majeur des objets BIM, c’est aussi que maintenant, il n’y a qu’à les regarder pour comprendre. Si un simple trait sur un plan papier ou 2D peut correspondre à des éléments différents, un objet dans une maquette parle de lui-même.
Quels projet(s) mené(s) en BIM suivez-vous de près ?
D’abord, il y a beaucoup de projets BIM qui n’ont de BIM que le nom ou l’intention. Tout le monde ne parle pas de la même chose. Parfois, le MOA a dit à l’architecte qu’il voulait du BIM sans vraiment savoir ce qu’il entendait par là. On se retrouve avec une maquette 3D qui n’est pas exploitable pour la suite du projet.
Il y a plusieurs niveaux de BIM ; soyons modestes, avançons progressivement. Expérimenter, c’est bien. Mais de grandes communications sur des projets où les attentes des uns et des autres sont mal définies génèrent des incompréhensions de la part des acteurs, Tout ceci en devient contre-productif pour l’appropriation du BIM par tous. Il faut privilégier le pragmatisme pour une appropriation progressive des outils numériques par tous.
Tous les acteurs doivent monter en compétence et notamment le MOA qui doit en être à l’initiative en précisant ses besoins en termes de données structurées. C’est le point de départ du BIM.
C’est un fois ces préalables posés et partagés que le BIM se dépliera de lui-même de par son intérêt pratique pour l’ensemble des acteurs. Nul besoin d’y adjoindre une quelconque imposition réglementaire au risque de cliver inutilement.
Nous vous suggérons ces articles :
- Interview de Vincent Bleyenheuft, auteur de « Les familles de Revit pour le BIM »
- Interview de Laurent Hénin, BIM Manager
- Interview de Clément Valente, auteur de « BIM & BTP / Construire grâce à la maquette numérique »