Franck Spieser est BIM Manager senior du groupe GSE, il est aussi auteur du blog BIMpratique.fr Polantis l’a interviewé pour en savoir plus sur son parcours, son métier de BIM Manager, et sur la démarche BIM du groupe GSE.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Qu’est-ce que vous a apporté votre formation en Allemagne ?
Après deux années de classes préparatoires scientifiques à Strasbourg, j’ai intégré la prestigieuse École Centrale de Lille. La formation d’ingénieur dispensée était pluridisciplinaire et de haut niveau. Son programme englobait des disciplines variées et complémentaires comme la mécanique des fluides, l’électronique, l’informatique, le génie civil et l’écoconstruction, les sciences sociales et le management, le droit des affaires, ou encore la communication.
Parallèlement aux cours et à l’initiative de L’école, j’ai réalisé, avec six autres étudiants et en collaboration avec Bouygues Construction, une étude sur la performance énergétique des bâtiments. Le projet a duré deux ans et a abouti à une proposition de garantie. Cette expérience projet, cumulée à une vie associative et sportive très riche et variée, m’a procuré de bonnes compétences en management de projet et en travail d’équipe avant la fin de mon cursus. De plus, cela m’a permis d’affiner mon projet professionnel, autrement dit, de me diriger vers le secteur de la construction et de la gestion de projet. A ce titre, j’ai choisi de réaliser un Master en ingénierie de la construction (Baubetrieb) en Allemagne, dans le cadre d’un double diplôme avec la TU Darmstadt.
Ce master en Allemagne a ainsi remplacé ma dernière année à Centrale Lille et m’a permis de me spécialiser dans le bâtiment et dans la gestion de projets de construction. J’y ai également développé mes compétences linguistiques, avec pour résultat, une bonne aisance à l’oral et à l’écrit en allemand, anglais et espagnol. Enfin et surtout, j’ai pu y découvrir et approfondir le BIM.
En guise d’anecdote, c’est un ami péruvien, camarade de master, qui m’a en premier parlé de BIM et donné l’idée de consacrer mon travail de fin d’études sur ce sujet. J’ai ainsi eu la chance de mener une étude sur le chiffrage de projets basée sur des maquettes Revit/IFC et sur le logiciel RIB Itwo avec une grande entreprise Allemande, Goldbeck.
Après 6 mois d’étude, mon travail a été publié sur le site de RIB et a été poursuivi par des ingénieurs de Goldbeck.
C’est donc depuis cette étude réussie et avec mon optimisme indéfectible que j’ai acquis la conviction que le BIM s’imposera naturellement dans nos méthodes de conception, de construction et de gestion de projet.
Vous êtes aujourd’hui BIM Manager chez GSE. Vous dites sur BIMpratique.fr que c’est un métier difficile à décrire, pour quelles raisons ?
En effet, il me semble difficile de décrire précisément le métier de BIM Manager tant ses missions varient, suivant le secteur et l’entreprise dans lesquels il ou elle intervient. Les tâches des BIM Managers s’étendent sur un grand nombre de responsabilités associées à la programmation, à la conception, à la construction et à la future exploitation des installations construites. Par ailleurs, leur rôle est en évolution permanente, étant donné que le BIM évolue lui aussi constamment.
D’une part, de nouvelles technologies arrivent en permanence sur le marché, d’autres disparaissent ou s’améliorent. D’autre part, les acteurs de la construction connaissent de mieux en mieux le BIM, ses procédures et les technologies sur lesquelles elles s’appuient.
Il est cependant possible d’apporter une description simple de ce qu’ils font : les BIM Managers sont là pour manager : ils managent des processus, ils managent le changement, ils managent la technologie, ils managent des gens, ils managent des règles et, en faisant cela, ils managent une part importante de l’activité de l’entreprise.
Ce qui était avant associé à la supervision du développement des maquettes numériques est aujourd’hui plutôt associé à du management d’informations, à de l’assistance au changement, à l’élaboration de processus, aux stratégies technologiques et bien plus. Telle est la réalité et la vitesse du développement entourant le BIM et la description du métier de BIM Manager.
Étant donné l’éventail de plus en plus large d’acteurs que le BIM affecte, il existe une fragmentation grandissante du rôle du BIM Manager, entre plusieurs responsabilités spécifiques.
D’un côté, il y a des managers de maquettes numériques qui assistent les équipes sur des projets de construction. Ceux-ci sont de temps en temps aidés par des créateurs de contenu BIM ( type bibliothèque ) ou par des développeurs de plug-in/applications.
D’un autre côté, il y a les coordinateurs de maquettes numériques qui sont spécialisés dans la supervision de la consolidation des maquettes et leurs synthèses. Dans un certain cas, on a des BIM Managers « stratégiques » qui mettent en œuvre la stratégie BIM, contrairement aux BIM Managers « techniques ». Toutes ces descriptions dépendent, bien sûr, de la taille et du type de l’entreprise. Dans de petites entreprises, le BIM Manager pourrait très bien être chargé de toutes ces tâches tout en agissant comme BIM Modeler ou architecte en même temps.
Comment est « né » votre blog ? Quelles sont vos motivations ?
Avec ce blog, je souhaitais donner une vision « pratique » du BIM, ainsi compléter les connaissances théoriques existantes par mon retour d’expérience personnelle de BIM Manager. Je trouve en effet qu’il existe un véritable fossé entre la théorie du BIM et sa pratique. Par exemple, la technologie se retrouve souvent au second rang dans les représentations théoriques du BIM. Pourtant, dans la pratique, c’est elle qui dirige le processus BIM.
Comme les acteurs d‘un projet ont des livrables et des responsabilités différentes, ils utilisent le BIM de manière différente en utilisant les technologies disponibles pour leur métier. Ces technologies limitent ce qu’ils peuvent faire et, à mesure qu’elles évoluent, elles font progresser leur façon de travailler. Le processus BIM, développé et orchestré par le BIM Manager, est donc fortement influencé et dirigé par les technologies utilisées.
Retrouvez la Partie 2 de l’interview de Franck Spieser en cliquant ici.
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