Le jeudi 7 février 2019 des industriels et professionnels de la construction étaient présents dans les locaux du Club Prescrire – coorganisateur de la matinale – pour assister à une présentation de François Caumont, Directeur de l’Immobilier et de la Logistique de l’Université de Caen-Normandie. Compte-rendu.
L’Université de Caen, un patrimoine éclectique
Le patrimoine immobilier de l’Université à Caen s’étend sur 118 hectares comportant 17 sites sur 3 départements avec un total de 97 bâtiments.
Dès son arrivée au poste de Directeur de l’Immobilier et de la Logistique en 2013, François Caumont et son équipe se sont engagés dans une démarche BIM. François explique : «Nous avions constaté que la maintenance se faisait séparément pôle par pôle de compétences, il n’y avait pas de vision globale dans le service. ». En effet, les problèmes de gestion des locaux étaient nombreux : par exemple, erreur de rationalisation lorsqu’un amphi de 500 places était bloqué pour 10 étudiants, coupure d’électricité sur tout le campus ou encore coupure de chauffage générale dans l’UFR de Droit à cause de tuyaux vieillissants et en mauvais état.
Au-delà de la volonté d’améliorer la maintenance et l’exploitation des bâtiments, quel était l’objectif de la démarche ? Que l’université s’inscrive dans une démarche numérique liée aux méthodes pédagogiques.
Anticiper pour débuter en toute tranquillité
Avant de se lancer, François Caumont et son équipe ont voulu comprendre le fonctionnement d’une démarche BIM et non pas être de simples commanditaires. François Caumont explique : « J’ai prévenu l’équipe que nous allions sortir de notre zone de confort, que l’on allait retourner à l’école, que l’on allait mettre un plan de formation en place, que l’on allait changer nos habitudes de travail, que tout allait changer. ».
Après avoir procédé à un audit qui a permis de faire un point sur les rôles et compétences de chacun dans l’équipe, les besoins du services (tant au niveau matériel que financier) et les prestataires éventuels, les conclusions furent les suivantes : entre 2015 et 2029, l’équipe serait capables d’exploiter et de maintenir le patrimoine de l’Université en BIM de façon autonome.
Stratégie numérique de l’Université : les besoins liés à l’immobilier
Retour sur l’objectif complémentaire à celui d’améliorer l’exploitation et la maintenant des bâtiments, l’inscription de l’Université dans une démarche numérique liée aux méthodes pédagogiques : quels étaient les besoins pour les élèves et les enseignants ?
• Accès au WIFI haut débit à tous les endroits de tous les bâtiments;
• Déploiement et généralisation de la vidéo-projection;
• Gestion du contrôle d’accès;
• Gestion des surfaces (Sequoia et RT-ESR) ;
• Interopérabilité des programmes formant le SI Patrimoine et plus généralement « gestion des données » ;
• Gestion de la vidéo protection;
• Gestion de l’occupation des locaux (ADE : emploi du temps étudiants);
• Gestion du comptage des énergies;
• Interconnexion des locaux d’enseignement avec le CEMU;
L’exploitation et la maintenance de ces matériels seraient optimisées grâce à la méthode BIM avec un objectif principal de diminuer les coûts d’exploitation (masse salariale, gestion des erreurs, plan qualité, etc..).
Deux opérations pilotes
Premier projet : la rénovation du Bâtiment B (2014 – 2015) pour laquelle ont été identifiés des inconvénients et points de vigilance dès le départ.
• Entrée dans l’innovation donc gestion de l’inattendu
• Changement du management de l’information
• Dérapage financier en cas de mauvaise appréhension de l’intérêt du BIM et des objectifs poursuivis dans sa mise en place.
• Evaluation du niveau de compétences des acteurs internes et externes (étude sur le périmètre du territoire local)
• Impacts sur les budgets
• Nécessité d’opérer sur un bâtiment « enseignement » et un autre « recherche »
• Perte de contrôle dans les objectifs fondamentaux
• Risque de dissipation de l’effort collectif et de la cohésion du groupe
Ces inconvénients ont été contrebalancés par certains avantages et intérêts :
• Bâtiment innovant avec une prise en compte du numérique (connectivité interne et externe du bâtiment)
• Coût global et exploitation/maintenance optimisés pour les années à venir
• Nécessité d’appréhender les matériels à prendre en compte dans le BIM pour la gestion de l’exploitation / maintenance
• Amélioration de la gestion des données patrimoniales et financières (amélioration de la connaissance des coûts d’exploitation et de leurs périmètres)
• Fédération et dynamisation de l’équipe autour d’un objectif commun
• Montée en compétences de la fonction immobilière
• Identification des rôles et des responsabilités (RACI)
Quel bilan l’Université a-t-elle établi au sortir de l’opération ? L’équipe a bénéficié d’une montée en compétences managériales et organisationnelles et a fait ses preuves concernant sa capacité à conduire le changement.
Le second projet pilote a concerné un bâtiment très complexe et dédié exclusivement à la recherche : une station marine, en bord de mer avec une station de pompage, à marée haute qui permet aux chercheurs de faire des études sur le milieu marin. C’est la première fois qu’une démarche BIM est mise en place pour un tel bâtiment. L’opération est en cours.
Des économies… financières, sociales, environnementales… grâce au BIM
Au regard de la mise en place de ces opérations pilotes et des moyens pré-existants, un retour sur investissement attendu a pu être établi.
Les coûts estimés, eux, sont consultables ci-dessous :
Lors de la présentation de ces tableaux, un invité a expliqué que, selon lui, le BIM ne générait pas des économies en soi, mais grâce à l’information qu’il contient, il était un bon outil d’aide à la décision. »
François Caumont a renchéri : selon lui, il existe bien des économies liées à l’adoption d’une démarche BIM : elles sont financières, sociales, environnementales voire liées aux ressources humaines. Concernant l’Université, les gains seront constatés à l’horizon 2024.
Nous vous suggérons ces articles :