« Fournisseurs, ne manquez pas le train de la maquette numérique », prévient le directeur des achats de Bouygues Construction
Article de Manuel Moragues – Publié le l’usine nouvelle
3 milliards d’euros d’achats en 2013, dont 65% en France, auprès de milliers de fournisseurs… et de grands changements en cours. Industrialisation, innovation et maquette numérique sont au menu de Bouygues Construction. Franck Le Guillou, directeur des achats, précise cette nouvelle étape cruciale à ne pas rater pour continuer à travailler avec le constructeur.
L’Usine Nouvelle – Pourquoi avez-vous organisé une convention fournisseurs le 25 novembre ?
Franck Le Guillou – L’objectif était d’échanger sur nos enjeux et les perspectives de co-développement. Nous voulions détailler à nos principaux fournisseurs les grands axes de notre stratégie achats : la standardisation, la gestion des contrats cadres et l’accompagnement à l’international. En étant transparents, nous espérons que nos fournisseurs nous aideront à mettre en œuvre notre stratégie.
Vous avez placer cette convention sous le signe de l’innovation. Pourquoi ?
Trop peu de fournisseurs nous accompagnent sur ces questions d’innovation. On le constate dans le suivi que nous faisons depuis trois ans des produits innovants que nous utilisons sur nos chantiers. Ce n’est pas assez, il nous faut accélérer. Nous recalibrons de notre côté notre organisation achats pour stimuler la demande de produits innovants. Mais nous demandons à nos fournisseurs d’être proactifs sur l’innovation et de nous challenger. C’est avec ceux-là que l’on construira les marchés de demain.
Vous demandez aussi à vos fournisseurs de passer à la maquette numérique…
Oui, et c’est un train qu’ils ne doivent pas manquer ! Nous voulons pouvoir intégrer leurs produits en amont de la réalisation des ouvrages et bâtiments, en phase de conception. On demande à nos fournisseurs de rentrer leurs produits dans notre maquette numérique. Le but est de réunir dans un seul et même outil logiciel tous les produits innovants et standards afin de les intégrer dans la conception et les études de prix de tout chantier, dans toute activité. Nous avons démarré il y a un mois, avec des éléments comme les portes et les fenêtres. Nous comptons terminer d’ici 12 à 18 mois.
Vous mettez en avant la standardisation et les contrats cadres. Qu’attendez-vous de vos fournisseurs ?
Nous voulons pouvoir nous appuyer sur des produits standardisés. Cela réduira certainement le nombre de fournisseurs par produit. Ce sont ceux qui nous accompagneront dans la standardisation qui en sortiront gagnants. De même, nous voulons réduire le nombre de nos contrats cadres mais monter en volumes pour chacun. Nous attendons de nos fournisseurs qu’ils nous aident à déployer les contrats cadres en envoyant leurs commerciaux sur les chantiers pour pousser l’utilisation de leurs produits.
L’international est un autre axe de votre stratégie achats. Qu’entendez-vous par là ?
Quel que soit le pays, on importe environ 5% de nos achats. C’est peu. Sur bon nombre de chantiers à l’étranger, on connaît des problèmes de fournitures. Avec, à la clé, des retards de chantiers très pénalisants. Nous voulons pouvoir nous appuyer sur des fournisseurs que nous connaissons bien pour partir à l’export. C’est une arme anti-risque. Nous avons déjà réalisé 180 millions d’euros d’achats auprès de fournisseurs français pour des réalisations à l’international. Nous voulons aller plus loin.
C’est une vraie révolution de vos achats que vous engagez…
Cela représente un grand changement, certes. C’est une nouvelle étape qui correspond à un mouvement d’industrialisation. La réduction du panel fournisseurs et la standardisation, les outils et méthodologies d’achats, etc. sont appliqués depuis longtemps dans l’automobile. Le monde de la construction était en retrait sur ce plan. Nous devons être proactifs en matière d’achats, nous benchmarker avec les autres industries et intégrer les meilleures pratiques.
Propos recueillis par Manuel Moragues