Franck Spieser est BIM Manager senior du groupe GSE, il est aussi auteur du blog BIMpratique.fr Polantis l’a interviewé pour en savoir plus sur son parcours, son métier de BIM Manager, et sur la démarche BIM du groupe GSE.
Quels sont les missions de GSE ?
Le groupe GSE est contractant global en immobilier d’entreprise et intervient essentiellement en France mais aussi en Europe et en Chine. Depuis plus de 40 ans, GSE réalise des projets clés en main pour des bâtiments logistiques, industriels, de commerce, de bureaux. Notre métier est d’accompagner le client de A à Z, en tant qu’interlocuteur unique, à tous les stades du projet:
- Recherche foncière
- Montage financier et juridique
- Définition des caractéristiques du projet
- Conception technique et architecturale
- Recherche d’optimisation (technique, économique)
- Procédures administratives
- Démarches de certification
- Démarches Qualité / Sécurité
- Réalisation clés en main
- Accompagnement dans la mise en exploitation et maintenance
Cliquez ici pour découvrir le site de GSE.
Quelle est la position de GSE par rapport à la Maîtrise d’Ouvrage ? Et par rapport à la Maîtrise d’œuvre ?
GSE est l’interlocuteur unique du Maître d’Ouvrage tout au long de son projet. GSE agit en quelque sorte comme un maître d’ouvrage délégué et gère toute la chaîne de valeur, de la conception jusqu’à la construction du bâtiment. La conception est en partie sous-traitée à des architectes et bureaux d’études et la construction l’est entièrement.
GSE est le contractant général de l’opération et s’engage sur des délais, un plan qualité et un prix, très tôt sur tous ses projets.
Travaillez-vous sur beaucoup de projets BIM aujourd’hui ?
Le groupe GSE a fait sa transition BIM en 2014 et capitalise aujourd’hui une expérience de 10 projets terminés et de 40 projets en cours sur des opérations variées telles que les bâtiments logistiques, industriels, de commerce, de bureaux et de loisirs.
Bureaux – Source : GSE
Batîment industriel – Source : GSE
Batîment Loisirs – Source : GSE
En quel niveau de BIM travaillez-vous ?
Nos procédures relèvent généralement du BIM niveau 2, même si nous travaillons de temps en temps en BIM niveau 3. Nous divisons nos projets numériques par discipline et par bâtiment, ce qui permet d’une part, le partage des responsabilités et d’autre part, une grande efficacité.
En règle générale, notre modèle BIM est composé d’une maquette architecture, d’une maquette structure, d’une maquette site et de maquettes lots techniques (CVC/Plomberie, Électricité et Défense Incendie). La maquette architecture agit généralement en tant que maquette de coordination ou de maquette centrale, sauf si le projet comprend plusieurs bâtiments. Dans ce cas, c’est la maquette site qui assumera ce rôle. Cette dernière se compose de tout ce qui est extérieur aux bâtiments comme les voiries, les réseaux souterrains, les équipements divers, etc. La maquette architecture contient tous les éléments architecturaux y compris les divers apports des entreprises de clos-couverts et de finition. Puisque ces dernières sont encore aujourd’hui incompatibles avec une démarche BIM, nos architectes ou projeteurs partenaires se chargent de mettre à jour la maquette architecture avec les détails des plans EXE de ces entreprises et en conformité avec notre charte BIM.
Ce document revêt pour nous une importance majeure puisqu’il décrit précisément aux producteurs BIM l’organisation des maquettes et leur niveau de détail et d’informations suivant la phase du projet.
Nous utilisons également un autre document pour garantir la bonne application du BIM dans nos projets. Il s’agit de la convention BIM. Ce document est spécifique à un projet (contrairement à la charte BIM) et donne les cas d’usages BIM prévus, l’organisation du projet numérique, les contributions des différents producteurs BIM, ainsi que les règles d’échanges et de travail collaboratif.
Vous pouvez retrouver dans cette vidéo une synthèse de nos applications BIM sur des projets logistiques. Comme précisé plus haut, GSE travaille également sur bien d’autres projets : bureaux, projets industriels….
Nous utilisons principalement les logiciels suivants :
- Autodesk Revit pour la modélisation et l’analyse des maquettes
- Navisworks pour la lecture de nos maquettes compilées, la synthèse, le planning 3D, les quantitatifs
- Solibri pour le contrôle des IFC
- BIM 360 et Trimble Connect pour l’échange en ligne des maquettes
Nous avons deux procédures principales : l’une favorise le format Revit, c’est la plus efficace, la plus mature et la plus déployée des deux. Elle se base sur une utilisation centrale de Revit, de Navisworks et de la plateforme BIM 360. Quelques échanges en IFC sont néanmoins tolérés comme pour les maquettes de charpente métallique ou bois ou les maquettes VRD.
L’autre procédure favorise le format IFC et ainsi l’OpenBIM. Tous les échanges de maquette se font à travers le format IFC et nous utilisons des outils adaptés pour analyser, contrôler et coordonner les maquettes. Cette procédure peut s’avérer moins fiable que la précédente en raison du manque de fiabilité du format IFC pour certaines applications mais aussi parce que nous ne pouvons pas facilement intervenir sur les maquettes en cas défaillance d’un producteur BIM.
Malgré une plus grande efficacité constatée de notre procédure BIM Revit, nous ne délaissons pas la procédure OpenBIM et nous poursuivons nos efforts pour la rendre plus fiable et efficace.
Vous avez participé à la création du service BIM et co-élaboré l’ensemble des processus BIM du groupe GSE : comment avez-vous défini la charte BIM de l’entreprise ?
La charte BIM de GSE est le fruit des expériences accumulées sur nos projets pilotes, lancés fin 2014. Au nombre de 5, ces projets concernaient des opérations de bureaux, de plateforme logistiques et de bâtiments d’activité. Ces projets nous ont permis d’adapter la démarche BIM au métier de GSE, et de constituer une première bibliothèque d’objets génériques, répondant à la plupart de nos besoins de modélisation.
Nous avons ainsi analysé à la fois nos besoins internes, qu’ils soient techniques ou commerciaux, ainsi que les métiers et les logiciels de nos partenaires.
Cette double analyse nous a permis de définir des règles de modélisation permettant de satisfaire l’ensemble des besoins efficacement tout en tirant le plus parti des technologies utilisées par nos partenaires.
Par ailleurs, nous mettons régulièrement à jour notre charte BIM pour tenir compte des évolutions des technologies, des pratiques mais aussi des compétences des producteurs BIM.
Quelle est la place des objets BIM dans vos projets ? Les concevez-vous ?
Nos maquettes sont construites à plus de 95 % avec des objets génériques conçus en interne. Nous élaborons tous nos objets en pensant à l’ensemble des besoins qu’ils devront satisfaire. Nous portons ainsi une grande attention au niveau de détail 3D, à la représentation 2D, aux informations textuelles, aux paramètres et à leurs valeurs par défaut. Il s’agit d’être efficace à la fois dans la modélisation mais aussi dans l’utilisation future des maquettes.
L’ensemble de nos objets génériques sont réunies dans un projet Revit nommé « Kit BIM » et partagée avec nos producteurs BIM partenaires.
Outre ce kit BIM, nous fournissons à nos producteurs BIM un manuel pratique. Ce document décrit précisément le fonctionnement de nos familles génériques Revit et donne des bonnes pratiques de modélisation pour des situations complexes.
Comment la Maîtrise d’Ouvrage exploite les éléments (maquette, etc.) que vos équipes lui remettent ?
Nous fournissons à la Maîtrise d’Ouvrage la maquette complète (ou compilée) en format Navisworks à chaque réunion de projet. Cela lui permet de l’exploiter facilement et gratuitement à l’aide de la visionneuse gratuite Navisworks Freedom. La Maîtrise d’Ouvrage peut ainsi visualiser son bâtiment sous différents angles (à pied, panoramique, coupe 3D, etc.) et sous différents modes (ombrage, réaliste, etc.), consulter les propriétés des objets et des matériaux, consulter le planning 3D ou encore accéder à des points de vue préparés à l’avance (dans un bureau, sur un parking, etc.). Cette visionneuse est d’autant plus intéressante qu’elle est facile d’utilisation, très fluide, réaliste et s’intègre très bien à notre procédure BIM Revit.
A ce jour, quelles sont vos perspectives ?
Dans notre service BIM, nous cherchons toujours à développer davantage le BIM afin de le rendre plus accessible par les équipes chantier, plus efficace pour les dessinateurs et BIM Managers, ou encore pour augmenter son champ d’action.
Ainsi, nous développons actuellement la réalité augmentée au service du contrôle qualité sur chantier, l’automatisation Revit au service du contrôle des maquettes, et le BIM Exploitation pour apporter une solution efficace et adaptée à nos clients pour la maintenance et l’entretien de leur futur bâtiment.
Retrouvez la première partie de cette interview en cliquant ici.
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