Nous avons eu le plaisir d’accueillir Vincent Martin du bureau d’ingénierie et d’architecture belge BSolutions lors de notre 1er webinaire Jeudi Prescription, le jeudi 2 juillet qui a réuni fabricants et professionnels de la construction.
Ce fut l’occasion de revenir sur la vision macro-économique 4.0 de la révolution industrielle et sur l’évolution du monde de la construction. Vincent a abordé les enjeux et les impacts spécifiques pour le secteur de la construction.
Découvrez le compte rendu de ce webinaire Jeudi prescription.
BSolutions est un bureau belge d’ingénierie et d’architecture logistique et industrielle basé à Namur et compte plus de 100 employés. Fondé il y a 20 ans par 3 associés, le bureau a évolué depuis sa création. Il comprend 8 compétences :
BSolution est un incubateur multifacettes qui permet de tester les applications et a une vision des transformations des entreprises d’un point de vue BIM assez intéressante. Vincent Martin, collaborateur BSolutions depuis 3 ans, a une formation d’architecte et une dizaine d’années d’expérience. Vincent est BIM Implementation Manager chez BSolutions.
3 révolutions nous ont précédées. Aujourd’hui, nous sommes dans la 4ème révolution, celle de la digitalisation qui comprend la connectivité, l’Intelligence Artificielle et la gestion des data qui va devenir primordiale et apporte un vrai bouleversement dans tous les aspects de la vie. Et on tend vers la 5ème révolution : la coopération extrême et l’ultra-personnalisation avec un partage du travail (co-bots, partage du travail entre la machine et les humains).
La 4ème révolution en cours se compose de plusieurs aspects :
Quels sont les enjeux de ces composantes ?
Une digitalisation et une intégration globale de la production et des services. La plupart des services sont centralisés, les clients ont accès aux données. La révolution en cours a touché en premier le secteur tertiaire. Le secteur de la construction subit également des évolutions comme le secteur tertiaire. Il ne faut pas rester sur ces acquis et penser que le monde ne va pas changer. Géomètres, architectes, ingénieurs, maitres d’ouvrage, quel que soit le métier, la concurrence peut rapidement balayer les acteurs en place et définir de nouvelles règles.
La révolution a modifié les services, l’adaptation numérique a été plus facile mais implique de résoudre les enjeux réglementaires : bancaire, agence de voyages (le nombre de points de vente diminuent et augmentation des achats en ligne), immobilier, hôtellerie, évolution de la mobilité… Toutes ces nouvelles notions entrent dans la culture, on commence à trouver cela logique, mais ces nouveaux paradigmes ont bousculé les processus établis.
On note des constantes dans le tertiaire malgré quelques différentes selon les pays :
Finalement, on vit une révolution macro-économique. Le BIM est une des composantes de cette révolution dans le secteur de la construction.
Exemple dans le secteur de la construction et des études : l’acquisition facilitée de scans 3D déstabilise les géomètres établis. Ces derniers doivent se repositionner sur la production de maquettes numériques pour se différencier de la concurrence.
Au cours de la révolution précédente, on a délocalisé les usines (physiques dans des pays en développement), la révolution était drivée par le « cost-driven » (coût du moins cher) mais la révolution en cours a de grandes chances d’être drivée par « la durabilité et la qualité ». C’est pour cela qu’on a des changements de paradigmes, si les acteurs sont capables d’effectuer techniquement ces changements : « THINK GLOBAL, ACT LOCAL ».
Le secteur de la construction possède de multiples caractéristiques :
Conséquences sur le monde :
Ce qui ne va pas changer, selon le rapport de McKinsey, « The next normal in Construction »
Disruption que l’on peut attendre :
Mode de fonctionnement actuel du secteur de la construction :
Aujourd’hui, nous sommes dans le schéma :
Ces étapes vont se fluidifier et évoluer demain. La notion de temps sera rebasculée sur la phase études. A partir du moment où on travaille sur un modèle BIM complet complétement étudié, calibré, chaque objet se définit comme un objet fabriqué en atelier et pré-monté à l’avance qui sera livré et juste assemblé sur le chantier. Le temps sr chantier sera considérablement réduit et tout le processus optimisé.
Le nouveau mode de fonctionnement sera : Développement, approvisionnement > Matériaux et équipements > Préfabrication > Coordination et logistique (tout sera prêt à être monté à l’avance, Planning du chantier), Temps de chantier raccourci >> Assemblage >> Réception
Suite à la crise, il y a des permis d’urbanisme qui ont été arrêtés. Or, en Flandres, le permis de construire est complétement digitalisé donc ils n’ont pas arrêté de délivrer des permis pendant la crise. En Wallonie, il y a une vision pour rendre les permis publics digitaux pour 2022.
L’évolution du permis de construire digital soulève la limite juridique de la transformation digitale et le frein, résistance aux changements. Il y a une nécessité de connecter tous les acteurs avec le Cloud Computing. Les intérêts de mettre en place un permis digital sont nombreux : avoir sur la même plateforme, tous les acteurs : maître d’ouvrage, urbaniste au niveau régional et fédéral, les différents contrôleurs, incendie & énergie, les voisins. On note aussi un changement de temporalité, le projet avance plus vite…
La transformation doit être initiée par le haut (un des critères de la transformation), la personne la plus haute dans la hiérarchie doit faire l’input même si la transformation est poussée par le bas. Dans le BIM, ce sont les investisseurs et les maîtres d’ouvrage qui doivent l’initier.
Le secteur de la construction tout entier doit évoluer et pour ce faire, il est indispensable de collaborer et définir le rôle du Manager BIM précise Vincent.
Le Manager BIM doit :
Le Manager BIM dispose de moyens pour y parvenir :
L’action du Manager BIM est d’atteindre les objectifs fixés. Le résultat qualitatif du Management BIM : les livrables doivent être remis au MOA avec une intégration de toutes les simulations qui se faisaient séparément pour le bâtiment : la Réalité augmentée, l’impression 3D, la maquette sur chantier, le monitoring…
La vision du Management BIM selon Vincent :Le monde de la construction se transforme à l’intérieur d’une transformation globale de la société. Pour bien gérer cette évolution, il faut un Manager qui ait cette vision d’emmener tout le monde vers le même objectif.
Aujourd’hui, on parle plus d’une démarche d’hybridation et de transition progressive : des objectifs sont fixés et on cherche des opportunités dans chaque projet. Le rôle du Manager BIM est de combattre positivement la résistance au changement et apporter de la transparence au sein de cette connectivité.
Tout le monde doit avancer pour faire collaborer la démarche. Si un acteur est à l’arrêt, tout est coincé. Tout le monde doit prendre conscience et avancer à son échelle, chacun doit réfléchir à comment transformer son propre business, son propre métier et anticiper comment il va changer. Sinon un concurrent le fera à votre place.
En avançant conjointement, les choses vont se débloquer progressivement et on tend vers une industrialisation totale du secteur de la Construction, en gardant à l’esprit que c’est du sur-mesure. L’industrialisation doit réussir avec la spécificité de chaque projet, de chaque client.
Questions et réponses
Existe-il une normalisation des objets BIM ?
Il y avait une démarche de normalisation européenne qui s’est mis en place, l’harmonisation de la data permet l’interopérabilité et l’optimisation sur le projet. Dans les bureaux, notre mode de fonctionnement est de pas mélanger les bibliothèques d’objets BIM car elles sont paramétrées différemment. La même bibliothèque propose la même logique.
Comment pousser les entreprises vers le BIM alors qu’elles ne font pas de plan 2D
Dans le management BIM, si un acteur ne peut pas suivre au niveau BIM, le mandataire peut en sélectionner un autre, soit il y a des transferts de responsabilités vers un autre intervenant du projet.
Le maître d’ouvrage doit-il imposer le BIM dans les cahiers des charges ?
Oui, surtout ceux qui sont propriétaires de leur patrimoine et qui le restent. L’idée finale du BIM et de la transformation numérique, est de se mettre à la place d’un maître d’ouvrage et pas de chaque acteur. Avant, le travail était normé en fonction de chaque bureau. Aujourd’hui, quand je collabore dans une vision BIM, je collabore pour des livrables communs à tout le monde et je participe à la collaboration. Je ne vise plus mon propre intérêt en termes de normalisation, de gestion de data et de fichiers, je vise l’intérêt du projet.
Avant, les architectes et ingénieurs définissaient leur process de travail pour chaque projet. Or, maintenant, la logique de travail est imposée et ils doivent s’adapter. Les attentes en termes de gestion de la data seront spécifique à chaque projet.
La plus-value de travailler en BIM pour le MOA est en termes de l’exploitation et de la maintenance : pouvoir exploiter la maquette dans 20/30 ans .
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