Le jeudi 30 janvier, des industriels et des professionnels de la construction (architectes, dessinateurs, ingénieurs…) étaient réunis dans les locaux d’Abvent pour assister au Jeudi Prescription organisé par BIMobject et Polantis, animé par Francesco Ciurleo.
Francesco Ciurleo, Architecte – BIM Manager de l’agence Quadri Fiore Architectes nous a fait le plaisir d’animer cette soirée Jeudi prescription et de partager son expérience autour du projet « Origine – Bureaux ». Origine déploie 70 000 m2 de bureaux autour d’un vaste jardin perméable qui compose avec la ville et relève le défi technique du renouvellement de « l’architecture en bois vers des volumes contemporains grâce à une structure mixte portant 8 étages ».
Un projet d’envergure de 70 000 m2 distribué en deux bâtiments (T1 et T2), reconnu comme le plus grand projet bois de France !
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Pourquoi et comment le projet a-t-il été conçu en BIM ? Quelle a été la méthode BIM appliquée par l’agence et autres acteurs du projet, comment le projet a-t-il été géré ? Comment les points complexes du projet ont-ils été solutionnés ?
ICADE, client de ce projet avait la volonté que le projet soit conçu et livré en BIM. Origine est un projet pionnier en BIM car le projet a été gagné en 2015. Or, il y a 5 ans, vouloir concevoir un projet de cette taille en BIM était un défi.
Pour expliquer et montrer toute l’envergure du projet, Francesco a présenté directement les maquettes depuis ARCHICAD.
Pour expliquer et montrer toute l’envergure du projet, Francesco a présenté directement.
Le client ICADE a lancé un concours en 2015, remporté par le regroupement ACQ (Architectes Caubet et Quadri Fiore). Les deux agences se sont réunies pour pouvoir mener toutes les études et envisager de construire ce beau projet. Les tâches ont été divisées de manière réfléchie car le projet fait 70 000 m2 répartis sur deux bâtiments. Cette réflexion de partage des tâches était primordiale afin de garder un esprit unitaire entre les bâtiments et avoir un langage commun pour le projet dans son ensemble.
Dates clés :
La complexité, la particularité de ce projet est que c’est une structure mixte : structure bois, acier et béton. Le bois constitue l’élément essentiel de la structure, le béton est utilisé pour l’infrastructure, le RDC, le R+1 et pour les noyaux centraux de la superstructure accueillant les circulations et les services. D’autres parties de la charpente sont traitées en acier.
Les acteurs principaux de ce projet d’envergure :
Quand on parle de BIM, on parle d’un format open BIM et non d’un logiciel. On a créé un protocole d’échange pour permettre à toutes les parties prenantes du projet de dialoguer en IFC et de donner satisfaction au client afin de répondre à ces demandes très précises.
Il ne faut pas avoir peur de cette démarche BIM, il faut s’y mettre dedans. Le BIM Manager n’est pas un geek… Chaque architecte doit comprendre et utiliser les nouveaux outils qu’il a en main. En général à l’agence Quadri Fiore et sur ce projet en particulier, nous ne séparons pas les tâches (modélisation, 3D, données dans la maquette etc…) au contraire, notre volonté est de faire participer tout le monde afin que chacun accède à la maquette. Tout le monde est formé pour travailler en BIM, chacun est responsable de son intervention sur le projet en tant qu’architecte. Environ 8 personnes travaillaient à temps plein entre les deux agences Maud Caubet et Quadri Fiore. Chaque architecte savait concevoir en BIM avec le soutien du BIM Manager, moi-même et le BIM Manager de l’agence Maud Caubet. Il est important de voir le BIM comme une nouvelle manière de travailler.
ICADE voulait que le bâtiment soit conçu et livré en BIM. Au départ, la démarche BIM peut se révéler plus coûteuse et demande quelques investissements, mais elle permet à ICADE d’économiser par la suite, notamment sur la maintenance/exploitation pendant toute la durée de vie du bâtiment.
En phase Conception, Laurent Marie d’Egis a facilité la compréhension des objectifs définis dans le programme du concours par le client auprès des architectes et a échangé avec eux pour voir comment ils étaient capables de répondre au client.
Une convention BIM est vivante, elle avance avec le projet, avec le savoir-faire de chacun.
Si a un moment donné, il y a quelque chose qu’on ne s’est pas géré, il faut le dire. Le BIM Manager avait pour rôle de créer cette convention d’exécution BIM et nous l’avons rédigé en phase APS. La convention BIM permet de faire le lien entre le client et la maîtrise d’œuvre.
Quand on parle de convention BIM d’exécution, on définit le rôle, la responsabilité de chacun, quelles sont les contributions de chacun, quelles sont les plateformes utilisées, quels sont les logiciels que chacun souhaite utiliser. Rien n’a été imposé, tout le monde utilisait le logiciel, la version qu’il voulait. La convention définit de quelle manière on exporte les choses. On fait des tests, on voit ce qui marche ou pas et si un problème ne peut être résolu, on l’acte, on l’écrit dans la convention, le client en prend acte. Par exemple, un problème d’échanges, d’IFC (il évolue tous les deux ans), de logiciels…
Le BIM Manager est amené à faire un protocole d’échange pour gérer les problèmes d’échanges qu’il peut exister entre les différents acteurs. Qu’est-ce qu’un protocole d’échange ? C’est un vade-mecum sur lequel on acte quelles sont les démarches pour qu’une exportation soit bien faite et que tout fonctionne.
Plusieurs logiciels ont été utilisés sur ce projet. A l’agence Quadri Fiore Architectures, nous avons travaillé avec ARCHICAD comme l’agence Maud Caubet. L’entreprise a fait la synthèse avec Revit, le constructeur bois a travaillé avec Cadwork, … Mais le format d’échange partagé par tous est l’IFC.
Nous avons travaillé sur la version 19 d’ARCHICAD pour la conception des bâtiments et amené en version 20. Le fichier total pèse 10 giga. Nous avons donc fait une répartition entre les deux bâtiments T1 et T2 et nous avons créé des sous-modules type blocs sanitaire, façade, cage d’escalier. Cela nous a permis de reunir la totalité du projet sur un fichier de recollement qui contient les deux bàtiments et leus sous-modules. Ce fichier de recollement pèse 1,5 giga octet. Le DOE reste en ARCHICAD 20. Ceci est un choix de notre agence pour garantir aucune perte d’information qui pourrait s’avérer lors d’un passage d’une version à l’autre du logiciel. Pour rester dans « l’air du temps de tous les projets privés », les phases APD, PRO et DCE sont confondues.
Depuis la maquette de recollement, nous envoyons des PMK vers un PLN partagé de mise en page pour obtenir les livrables (PDF, DWG et impressions).
Les bâtiments devaient respecter la perméabilité urbaine voulue par la ville et conserver un passage public pour les riverains. Il y a une massivité du bâtiment (socle de 6 mètres de long).
Le projet Origine se veut exemplaire en matière de technicité, de créativité et d’écoresponsabilité. L’un des défis lors de la réalisation de l’ensemble immobilier a été d’assurer un meilleur confort aux usagers et un bâtiment responsable qui a répondu aux exigences de ces 6 labels : ENERGIE+CARBONE- / HQE EXCELLENT / BREEAM EXCELLENT / LEED GOLD / BIODIVERCITY / WELL SILVER.
La structure du projet :
C’est une structure mixte : acier / béton / bois. Les noyaux centraux sont en béton. A ce jour, il est le plus grand projet bois jamais réalisé en France. Aucune fixation n’est visible sur le bois et Arbonis a permis de livrer une structure bois impeccable. La structure n’a pas pu être réalisée tout en bois car, certaines zones trop sollicitées, nous auraient demandé des solives en bois trop hautes. Cela nous empêchait de respecter la hauteur sous faux plafond (HSFP) voulue par le client. Donc certains éléments ont été retravaillés en acier.
Le bois vient de Suède (très bonne qualité mécanique et esthétique (peu de nœuds). La France ne pouvait pas fournir autant de bois pour ce projet (pas assez de bois disponible et il était de qualité moindre).
Environ 7 000 m3 de bois ont été utilisé pour ce projet
25 000 m2 de plancher en bois, 2 000 poutres en bois et 1 500 poteaux en bois.
Origine déploie 70 000 m2 de bureaux autour d’un vaste jardin perméable qui compose avec la ville. La recherche de bien-être appliquée aux espaces de travail est présente de façon manifeste dans l’atrium d’entrée. Il se développe sur toute la hauteur du corps principal du bâtiment par un ensemble de balcons circulaires en bois, superposés et légèrement excentrés, baignés par une abondante lumière zénithale. Le confort des usagers est complété par un vaste bouquet de services intégrés regroupant conciergerie, auditorium, restaurants et salles de fitness en rez-de-jardin de chaque bâtiment.
Francesco a détaillé les éléments des deux bâtiments, en montrant les maquettes ARCHICAD et des photos du chantier actuel.
BATEG utilise sur le chantier des écrans pour la lecture des plans et l’affichage de la maquette renseignée. Les compagnons utilisaient l’impression 3D réalisée par une imprimante 3D pour prendre connaissance de ce qu’ils devront construire.
La plateforme administrative utilisée est CGTi4 (EGIS). La plateforme de contrôle des maquettes BIM est 360 (Autodesk). Un rapport de qualité des maquettes est établi tous les trois mois. Le DOE du client sera consultable sur la plateforme Data Soluce.
ORIGINE est un projet important et de grande envergure pour notre client ICADE, pour les architectes, pour nos BET et pour les entreprises de construction. Nous sommes face à un projet complexe autant pour le programme établi, que pour la dimension, le respect des normes, le défi technique et technologique. Le BIM nous a aidé dans la démarche et le contrôle qualité de notre projet.
Avant d’être construit sur site, il l’était déjà sur nos ordinateurs, tout a été renseigné, rien n’a été laissé au hasard. ARCHICAD a été primordial pour les architectes. Sa souplesse, sa rapidité d’exécution et son ergonomie de l’interface impeccable a permis aux équipes d’évoluer, de changer, de se donner le relai sans être jamais source de retard sur les délais parfois serrés pour un projet de ce type. Une expérimentation continue qui a été poursuivie sur le chantier avec la réalité virtuelle, le scan 3D et les impressions 3D.
Bref, nous avons de quoi être fiers !
Remarques :
Nous sommes preneurs de l’intégration des produits utilisés dans nos projets. Cela nous facilite la saisie des données pour un projet conçu et livré en BIM.
Par contre, la plupart de fois nous sommes face à des objets bien modélisés, mais peu renseignés. Je souhaiterais que les fabricants se rapprochent de plus en plus auprès des architectes pour comprendre notre demande dans un processus BIM. Nous ne souhaitons pas avoir des produits très détaillés et donc lourds, mais nous aimerions des éléments légers, paramétrables et incluant les informations nécessaires pour qu’un CCTP puisse être extrait automatiquement. Cela nous permettra de fidéliser des prescripteurs, de produire des CCTP les plus fiables possible et garantir un marché conforme aux attentes de tout le monde.
Pour finir, il faut s’ouvrir et garantir la même qualité de vos produits à tous les acteurs du marché dont notamment, les utilisateurs d’ARCHICAD.
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Informations pratiques :
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Cette « Matinale » qui se voulait pratico-pratique avait pour objectif d’aider les architectes à y voir plus clair sur l’un des sujets d’avenir pour la profession et sur l’acquisition du savoir-faire qu’est le BIM.
L’objectif ? Répondre aux questions des architectes souhaitant implanter le BIM dans leur agence ainsi que rappeler l’enjeu de l’appropriation du BIM pour la profession. Dépassant les interrogations du type “J’y vais ou j’y vais pas”, cette matinale donnait donc les étapes-clés pour agir et a permis d’ouvrir le dialogue.
Dix-huit questions avaient été jugées incontournables par Olivier Celnik et Manon Roger : c’est autour de ces questions que c’est organisée la matinale.
La première partie de la matinale portait sur l’implantation du BIM en agence. Voici quelques exemples de questions posées :
La deuxième partie de la matinale avait pour objectif d’aborder le sujet du déroulement d’un projet mené en BIM. Voici quelques exemples de questions posées :
Selon le site de la MAF, des tableaux de répartition des missions et clauses types ont également été mis en place pour permettre aux concepteurs de conduire leurs missions dans les meilleures conditions.
Puis est venu le moment de parler du passage à l’action…
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