Annalisa de Mestri, Directrice de VP I BIM sera l’invitée du prochain Jeudi Prescripton organisé en ligne par BIMobject France et Polantis.
Annalisa interviendra sur la gestion des données BIM pour un bâtiment en réhabilitation lourde avec l’exemple de l’hôtel parisien Bagheera.
Annalisa expliquera les éléments hérités d’un modèle en conception et les attentes au niveau des objets pour la phase de design d’intérieur actuellement en modélisation BIM.
L’hôtel Bagheera est hôtel particulier construit en 1751 qui doit répondre, aujourd’hui, aux standards hôteliers qui ont fortement évolués ces derniers années. Pour cela, Valode & Pistre a imaginé un projet qui s’articule autour de 3 interventions majeures :
Pour cette transformation, le BIM est au cœur des échanges, avec une attention particulière à la définition des objets et aux données qui les composent.
L’hôtel Bagheera jouit d’une situation privilégiée au cœur de Paris, entre l’un des quartiers qui symbolise le luxe à la française, la rue Saint Honoré, et le lieu qui représente l’histoire et la culture française avec le musée du Louvre et le jardin des Tuileries.
Annalisa de Maestri
Ingénieur de formation inscrit à l’Ordre des Ingénieurs de Milan. Annalisa est depuis plus de 10 ans à la direction d’entreprises spécialisées dans le BIM et le digital appliqué aux métiers de la construction, y compris la synthèse d’exécution. Depuis 2019, elle dirige VPBIM, entreprise du Groupe Valode&Pistre, spécialisée dans le BIM Management, la Modélisation tous corps d’état, la synthèse et le développement d’outils d’optimisation et automatisation. Elle est également en charge des sujets de R&D et outils numériques pour le Groupe.
Cette conférence en ligne est une opportunité d’échanger sur l’application concrète du BIM dans le cadre d’une rénovation.
Le jeudi 30 janvier, des industriels et des professionnels de la construction (architectes, dessinateurs, ingénieurs…) étaient réunis dans les locaux d’Abvent pour assister au Jeudi Prescription organisé par BIMobject et Polantis, animé par Francesco Ciurleo.
Francesco Ciurleo, Architecte – BIM Manager de l’agence Quadri Fiore Architectes nous a fait le plaisir d’animer cette soirée Jeudi prescription et de partager son expérience autour du projet « Origine – Bureaux ». Origine déploie 70 000 m2 de bureaux autour d’un vaste jardin perméable qui compose avec la ville et relève le défi technique du renouvellement de « l’architecture en bois vers des volumes contemporains grâce à une structure mixte portant 8 étages ».
Un projet d’envergure de 70 000 m2 distribué en deux bâtiments (T1 et T2), reconnu comme le plus grand projet bois de France !
Lire le compte rendu
Pourquoi et comment le projet a-t-il été conçu en BIM ? Quelle a été la méthode BIM appliquée par l’agence et autres acteurs du projet, comment le projet a-t-il été géré ? Comment les points complexes du projet ont-ils été solutionnés ?
ICADE, client de ce projet avait la volonté que le projet soit conçu et livré en BIM. Origine est un projet pionnier en BIM car le projet a été gagné en 2015. Or, il y a 5 ans, vouloir concevoir un projet de cette taille en BIM était un défi.
Pour expliquer et montrer toute l’envergure du projet, Francesco a présenté directement les maquettes depuis ARCHICAD.
Pour expliquer et montrer toute l’envergure du projet, Francesco a présenté directement.
Le client ICADE a lancé un concours en 2015, remporté par le regroupement ACQ (Architectes Caubet et Quadri Fiore). Les deux agences se sont réunies pour pouvoir mener toutes les études et envisager de construire ce beau projet. Les tâches ont été divisées de manière réfléchie car le projet fait 70 000 m2 répartis sur deux bâtiments. Cette réflexion de partage des tâches était primordiale afin de garder un esprit unitaire entre les bâtiments et avoir un langage commun pour le projet dans son ensemble.
Dates clés :
La complexité, la particularité de ce projet est que c’est une structure mixte : structure bois, acier et béton. Le bois constitue l’élément essentiel de la structure, le béton est utilisé pour l’infrastructure, le RDC, le R+1 et pour les noyaux centraux de la superstructure accueillant les circulations et les services. D’autres parties de la charpente sont traitées en acier.
Les acteurs principaux de ce projet d’envergure :
Quand on parle de BIM, on parle d’un format open BIM et non d’un logiciel. On a créé un protocole d’échange pour permettre à toutes les parties prenantes du projet de dialoguer en IFC et de donner satisfaction au client afin de répondre à ces demandes très précises.
Il ne faut pas avoir peur de cette démarche BIM, il faut s’y mettre dedans. Le BIM Manager n’est pas un geek… Chaque architecte doit comprendre et utiliser les nouveaux outils qu’il a en main. En général à l’agence Quadri Fiore et sur ce projet en particulier, nous ne séparons pas les tâches (modélisation, 3D, données dans la maquette etc…) au contraire, notre volonté est de faire participer tout le monde afin que chacun accède à la maquette. Tout le monde est formé pour travailler en BIM, chacun est responsable de son intervention sur le projet en tant qu’architecte. Environ 8 personnes travaillaient à temps plein entre les deux agences Maud Caubet et Quadri Fiore. Chaque architecte savait concevoir en BIM avec le soutien du BIM Manager, moi-même et le BIM Manager de l’agence Maud Caubet. Il est important de voir le BIM comme une nouvelle manière de travailler.
ICADE voulait que le bâtiment soit conçu et livré en BIM. Au départ, la démarche BIM peut se révéler plus coûteuse et demande quelques investissements, mais elle permet à ICADE d’économiser par la suite, notamment sur la maintenance/exploitation pendant toute la durée de vie du bâtiment.
En phase Conception, Laurent Marie d’Egis a facilité la compréhension des objectifs définis dans le programme du concours par le client auprès des architectes et a échangé avec eux pour voir comment ils étaient capables de répondre au client.
Une convention BIM est vivante, elle avance avec le projet, avec le savoir-faire de chacun.
Si a un moment donné, il y a quelque chose qu’on ne s’est pas géré, il faut le dire. Le BIM Manager avait pour rôle de créer cette convention d’exécution BIM et nous l’avons rédigé en phase APS. La convention BIM permet de faire le lien entre le client et la maîtrise d’œuvre.
Quand on parle de convention BIM d’exécution, on définit le rôle, la responsabilité de chacun, quelles sont les contributions de chacun, quelles sont les plateformes utilisées, quels sont les logiciels que chacun souhaite utiliser. Rien n’a été imposé, tout le monde utilisait le logiciel, la version qu’il voulait. La convention définit de quelle manière on exporte les choses. On fait des tests, on voit ce qui marche ou pas et si un problème ne peut être résolu, on l’acte, on l’écrit dans la convention, le client en prend acte. Par exemple, un problème d’échanges, d’IFC (il évolue tous les deux ans), de logiciels…
Le BIM Manager est amené à faire un protocole d’échange pour gérer les problèmes d’échanges qu’il peut exister entre les différents acteurs. Qu’est-ce qu’un protocole d’échange ? C’est un vade-mecum sur lequel on acte quelles sont les démarches pour qu’une exportation soit bien faite et que tout fonctionne.
Plusieurs logiciels ont été utilisés sur ce projet. A l’agence Quadri Fiore Architectures, nous avons travaillé avec ARCHICAD comme l’agence Maud Caubet. L’entreprise a fait la synthèse avec Revit, le constructeur bois a travaillé avec Cadwork, … Mais le format d’échange partagé par tous est l’IFC.
Nous avons travaillé sur la version 19 d’ARCHICAD pour la conception des bâtiments et amené en version 20. Le fichier total pèse 10 giga. Nous avons donc fait une répartition entre les deux bâtiments T1 et T2 et nous avons créé des sous-modules type blocs sanitaire, façade, cage d’escalier. Cela nous a permis de reunir la totalité du projet sur un fichier de recollement qui contient les deux bàtiments et leus sous-modules. Ce fichier de recollement pèse 1,5 giga octet. Le DOE reste en ARCHICAD 20. Ceci est un choix de notre agence pour garantir aucune perte d’information qui pourrait s’avérer lors d’un passage d’une version à l’autre du logiciel. Pour rester dans « l’air du temps de tous les projets privés », les phases APD, PRO et DCE sont confondues.
Depuis la maquette de recollement, nous envoyons des PMK vers un PLN partagé de mise en page pour obtenir les livrables (PDF, DWG et impressions).
Les bâtiments devaient respecter la perméabilité urbaine voulue par la ville et conserver un passage public pour les riverains. Il y a une massivité du bâtiment (socle de 6 mètres de long).
Le projet Origine se veut exemplaire en matière de technicité, de créativité et d’écoresponsabilité. L’un des défis lors de la réalisation de l’ensemble immobilier a été d’assurer un meilleur confort aux usagers et un bâtiment responsable qui a répondu aux exigences de ces 6 labels : ENERGIE+CARBONE- / HQE EXCELLENT / BREEAM EXCELLENT / LEED GOLD / BIODIVERCITY / WELL SILVER.
La structure du projet :
C’est une structure mixte : acier / béton / bois. Les noyaux centraux sont en béton. A ce jour, il est le plus grand projet bois jamais réalisé en France. Aucune fixation n’est visible sur le bois et Arbonis a permis de livrer une structure bois impeccable. La structure n’a pas pu être réalisée tout en bois car, certaines zones trop sollicitées, nous auraient demandé des solives en bois trop hautes. Cela nous empêchait de respecter la hauteur sous faux plafond (HSFP) voulue par le client. Donc certains éléments ont été retravaillés en acier.
Le bois vient de Suède (très bonne qualité mécanique et esthétique (peu de nœuds). La France ne pouvait pas fournir autant de bois pour ce projet (pas assez de bois disponible et il était de qualité moindre).
Environ 7 000 m3 de bois ont été utilisé pour ce projet
25 000 m2 de plancher en bois, 2 000 poutres en bois et 1 500 poteaux en bois.
Origine déploie 70 000 m2 de bureaux autour d’un vaste jardin perméable qui compose avec la ville. La recherche de bien-être appliquée aux espaces de travail est présente de façon manifeste dans l’atrium d’entrée. Il se développe sur toute la hauteur du corps principal du bâtiment par un ensemble de balcons circulaires en bois, superposés et légèrement excentrés, baignés par une abondante lumière zénithale. Le confort des usagers est complété par un vaste bouquet de services intégrés regroupant conciergerie, auditorium, restaurants et salles de fitness en rez-de-jardin de chaque bâtiment.
Francesco a détaillé les éléments des deux bâtiments, en montrant les maquettes ARCHICAD et des photos du chantier actuel.
BATEG utilise sur le chantier des écrans pour la lecture des plans et l’affichage de la maquette renseignée. Les compagnons utilisaient l’impression 3D réalisée par une imprimante 3D pour prendre connaissance de ce qu’ils devront construire.
La plateforme administrative utilisée est CGTi4 (EGIS). La plateforme de contrôle des maquettes BIM est 360 (Autodesk). Un rapport de qualité des maquettes est établi tous les trois mois. Le DOE du client sera consultable sur la plateforme Data Soluce.
ORIGINE est un projet important et de grande envergure pour notre client ICADE, pour les architectes, pour nos BET et pour les entreprises de construction. Nous sommes face à un projet complexe autant pour le programme établi, que pour la dimension, le respect des normes, le défi technique et technologique. Le BIM nous a aidé dans la démarche et le contrôle qualité de notre projet.
Avant d’être construit sur site, il l’était déjà sur nos ordinateurs, tout a été renseigné, rien n’a été laissé au hasard. ARCHICAD a été primordial pour les architectes. Sa souplesse, sa rapidité d’exécution et son ergonomie de l’interface impeccable a permis aux équipes d’évoluer, de changer, de se donner le relai sans être jamais source de retard sur les délais parfois serrés pour un projet de ce type. Une expérimentation continue qui a été poursuivie sur le chantier avec la réalité virtuelle, le scan 3D et les impressions 3D.
Bref, nous avons de quoi être fiers !
Remarques :
Nous sommes preneurs de l’intégration des produits utilisés dans nos projets. Cela nous facilite la saisie des données pour un projet conçu et livré en BIM.
Par contre, la plupart de fois nous sommes face à des objets bien modélisés, mais peu renseignés. Je souhaiterais que les fabricants se rapprochent de plus en plus auprès des architectes pour comprendre notre demande dans un processus BIM. Nous ne souhaitons pas avoir des produits très détaillés et donc lourds, mais nous aimerions des éléments légers, paramétrables et incluant les informations nécessaires pour qu’un CCTP puisse être extrait automatiquement. Cela nous permettra de fidéliser des prescripteurs, de produire des CCTP les plus fiables possible et garantir un marché conforme aux attentes de tout le monde.
Pour finir, il faut s’ouvrir et garantir la même qualité de vos produits à tous les acteurs du marché dont notamment, les utilisateurs d’ARCHICAD.
En savoir plus sur l’agence Quadri Fiore Architecture
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Lors de la cérémonie de remise des prix du Concours BIM 2019 de BIMobject et Polantis, votre équipe composée de Louis-Nicolas Pinton, Clément Baehr et Sébastien Regall a reçu le 2ème prix pour le projet « Poésie de pleins et de vides pour un lieu ouvert ».
Bravo pour cette belle performance. Merci de revenir sur votre projet et sur le choix du site de cette année.
Le site des Pyramides de la Ville d’Evry-Courcouronnes était difficile à traiter car le programme était assez réduit sur un site d’une telle taille. De manière très prosaïque, nous nous sommes largement interrogés au sein de l’équipe pour savoir si nous devions nous étaler ou pas et si nous devions fixer une limite entre le domaine privé et le domaine publique.
C’est un très bon programme, très hétéroclite et intéressant. Aucune fonction n’est plus mise en avant qu’une autre, ce qui laissait le choix du projet.
Une bonne intégration dans le site en rapport avec son histoire. Certains ont même parlé de pyramides inversées ! Le projet se veut frugal en termes de construction : une halle soutenue par une structure poteaux/poutres simple à laquelle sont accrochés des containers maritimes permettant de libérer un grand espace au sol en continuité avec l’espace public extérieur.
Nos analyses thermiques et de l’éclairement n’étaient pas tout à fait complètes. Difficile à ce niveau de projet de bien qualifier les objets du modèle et de s’auto-former sur ARCHIWIZARD.
L’approche urbaine requise pour ce projet nous a fait nous poser beaucoup de questions.
L’intégration des familles de containers et leur qualification n’a pas non plus été simple. Mais c’est une contrainte que nous nous sommes fixés nous-mêmes.
Le rendu graphique et la mise en valeur de la data. C’est la spécialité de deux membres de l’équipe. Nous savions l’importance accordée à ce sujet dans ce Concours BIM.
Le BIM n’est pas uniquement un logiciel de modélisation. C’est aussi et surtout des outils numériques mis en place au service d’une meilleure collaboration au sein de l’équipe.
Nous avons crée des liens plus ou moins évidents entre nos diverses applications métiers que nous avions au préalable éprouvés dans notre quotidien professionnel.
Après pour plus de détails, voici quelques éléments relatifs à notre processus de production présentés lors de la remise des prix.
Pour répondre aux préoccupations thermiques et environnementales de la maîtrise d’ouvrage (la ville d’Evry-Courcouronnes, rappelons qu’il s’agit d’un concours d’idées), vous avez utilisé le logiciel ArchiWozard.
Nous avons pu vérifier grâce au logiciel ArchiWizard, certaines qualités de notre projet en termes d’éclairage naturel et les études FLJ (Facteur Lumière Jour) Egalement, nous avons fait preuve de bons sens pour certaines dispositions environnementales.
Merci beaucoup pour cet échange. Nous vous souhaitons de remporter de nouveaux concours !
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Tout d’abord, un grand bravo : vous avez remporté le 1er prix du Concours BIM 2019.
Merci beaucoup pour cette belle reconnaissance de notre travail.
C’est année, il nous a été proposé de concevoir un centre socio-culturel au sein du quartier des Pyramides, à Evry-Courcouronnes : cet espace a pour vocation d’être ouvert à l’ensemble de la population habitant à proximité, offrant plusieurs prestations : accueil, animation, activités et services à finalité sociale. Les contraintes sociales et urbaines étaient vraiment les points de départ de la réflexion.
On n’a pas eu la chance de visiter le site, par contre on l’a “parcouru” via StreetView de Google Maps (en 2D et en 3D) et via les données sur https://data.grandparissud.fr/ et https://www.openstreetmap.org. Néanmoins, on s’est rendu compte que c’était un quartier très densifié, avec une architecture un peu dégradée, mais avec un potentiel social et interactif exploitable.
L’emplacement de la parcelle est stratégique au sein du quartier. La proposition d’un centre Socio-culturel semblait être un bon choix pour devenir un véritable Hub urbain au sein des Pyramides. Au niveau du programme et des mètres carrés, le projet était bien dimensionné, et nous nous sommes même permis d’y ajouter de nouvelles fonctions, suite à notre réflexion sur la résilience du bâtiment.
Nous voulions apporter quelque chose de plus à ce projet architectural, aller un peu plus loin de ce que l’on fait habituellement. Le concours BIM met déjà en avant le numérique lors de la construction de la maquette et nous avons voulu faire figurer le numérique dans la conception même du centre socio-culturel et dans sa gestion comme « Hub du quartier ».
Le plus compliqué a été de lier tous les aspects de la conception du centre pour pouvoir répondre aux besoins de n’importe quel habitant actuel ou potentiel du quartier. Pour ça que nous avons ajouté une 4ème dimension : le temps. Détecter que notre bâtiment devait répondre à 3 vitesses différentes nous a permis résoudre cette problématique. Les 3 vitesses identifiées sont, notamment :
– la vitesse Urbaine (de 25-50 ans) qui se déroule dans l’environnement construit ;
– la vitesse Sociale (de 1-5 ans) qui se déroule dans l’environnement humain ;
– la vitesse des Données (de 1-24h) qui se déroule dans l’environnement numérique.
Hervé Pérard, Maire Adjoint de la Ville d’Evry Courcouronnes, délégué à l’enseignement supérieur, avec l’équipe gagnante : Gregorio Saura, Borja Martinez, Alicia Moreno, Angel Gonzalez, Lorenzo Muro et Francisco Martinez
Dans la société de l’information et avec les technologies disponibles actuelles, l’étude des conditions qui affectent un projet architectural s’étend du contexte urbain-physique, perceptible par les sens, vers l’analyse de métadonnées numériques que les différentes sources d’information (publiques et privées) peuvent nous fournir. Notre projet veut répondre aux besoins du voisinage en se servant de l’analyse des données du quartier.
Nous avons imaginé un concept d’automate, un NOUvel haBItant, auquel on lui a appelé “NouBi”. Il fait partie du centre et réagit en fonction des données traitées par le 2PyCloud. Par exemple : Un “EcoNouBi” (nettoie le CO² dans l’air) peut aller dans un carrefour dans lequel les capteurs envoient les données au 2PyCLoud, dont l’analyse montre que le niveau de CO² dépasse le niveau maximal établi. On a conçu une flotte de NouBis composée par “DoctorNouBi”, “BatterieNouBi”, “VéloNouBi”, “NouBiClean”, “EcoNouBi”.
Notre équipe même a du faire preuve de collaboration. Nous sommes une équipe délocalisée : 2 architectes chez SIA Architectes à Namur (Belgique), un autre architecte chez SIA Architectes mais à Stockholm (Suède), un ingénieur à Santander (Espagne) et une ingénieure à Cordoba (Espagne) … On ne peut que travailler en BIM ! Nous le faisons depuis quelques années, on a eu l’occasion de travailler ensemble sur d’autres projets, notamment nous avons été finaliste de l’édition 2018 du Concours BIM de 2018.
On travaille souvent avec l’outil Slack. On partage tout, c’est très dynamique. Puis, on partage un Google Drive pour avoir les données structurées (Google sheet pour la convention de nommage des éléments de la maquette …) et accessibles (on a même testé “Google Collaborate” pour coder en Python), en même temps, on installe un Revit Server pour avoir tous accès à la maquette.
Bref, pour nous, avec le BIM, il s’agit d’être le plus efficace possible avec la technologie dont on dispose à ce jour.
Pour répondre aux préoccupations thermiques et environnementales de la maîtrise d’ouvrage (la ville d’Évry Courcouronnes – rappelons qu’il s’agit là d’un concours d’idée) vous avez utilisé le logiciel ArchiWizard.
Etant donné qu’il s’agissait d’un avant-projet, la conception énergétique du bâtiment s’est limitée à l’évaluation de la demande énergétique dont l’objectif était de la réduire au maximum en retravaillant l’enveloppe du bâtiment pour être conforme à la RT201, notamment avoir un Coefficient Bbio inférieur au Bbio max. On aurait bien aimé voir comment Archiwizard travaille dans une étape plus avancée du projet.
Le logiciel est assez intuitif. La courbe d’apprentissage est rapide et la première impression est très bonne. Le plug-in de Revit, dans un premier temps, est attrayant, mais après avoir constaté que chaque mise à jour de la maquette effaçait les nombreux paramétrages du modèle Archiwizard, par exemple les fenêtres, il a été décidé d’utiliser un fichier IFC exporté à partir du modèle central. A partir de ce moment-là, on a considérablement amélioré la perception du logiciel. Enfin, l’évaluation graphique du rayonnement solaire et de l’éclairage des espaces dans le bâtiment est très précieuse, ce qui attire depuis le début le plus l’attention, ainsi que les graphiques et les rapports aident à se faire une idée des points généraux qui peuvent être améliorés pour une optimisation énergétique du bâtiment. C’est un bon outil de travail !
Merci pour ce partage et encore bravo à toute l’équipe !
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L’équipe monte sur la première place du podium avec un projet ambitieux : une réponse architecturale et urbanistique conçue grâce à la donnée.
Dotation : 10 000 € et les logiciels Artlantis et BIMoffice d’Abvent offerts à chaque membre de l’équipe.
Pour cette 4ème édition, BIMobject et Polantis s’étaient associés à la ville d’Évry-Courcouronnes qui avait proposé un défi de taille aux candidats : proposer un centre socio-culturel qui aurait une vocation sociale globale. Ouvert à l’ensemble de la population habitant à proximité, offrant accueil, animation, activités et services à finalité sociale, le projet devait permettre de désenclaver le site choisi.
Félicitations aussi à :
Louis-Nicolas Pinton, Clément Baehr et Sébastien Regall qui remportent le 2ème prix pour le projet « Poésie des pleins et des vides pour un lieu ouvert ».
Dotation : 5 000 € et le logiciel BIMoffice d’Abvent offert à chaque membre de l’équipe.
Jérôme Lecat qui remporte le 3ème prix pour le projet « La Barque Solaire ».
Dotation : 2 500 € et le logiciel Artlantis d’Abvent offert à chaque membre de l’équipe.
Merci aux sponsors du Concours BIM 2019 : Abvent, Velux, Lafarge, La Toulousaine, Reckli, Graitec, Onduline et La Fondation Excellence SMA sans qui tout cela n’aurait pas pu être possible.
Merci aussi aux parrains du concours, les « incontournables » de l’écosystème BIM que sont l’Ordre des Architectes, l’UNSFA, Sightline Group, le Club BIM Prescrire, HEXABIM, BTP.tv, Volumic, et bien évidemment la ville d’Evry-Courcouronnes.
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Accès au livret des projets des finalistes du concours
L’Université de Caen, un patrimoine éclectique
Le patrimoine immobilier de l’Université à Caen s’étend sur 118 hectares comportant 17 sites sur 3 départements avec un total de 97 bâtiments.
Dès son arrivée au poste de Directeur de l’Immobilier et de la Logistique en 2013, François Caumont et son équipe se sont engagés dans une démarche BIM. François explique : «Nous avions constaté que la maintenance se faisait séparément pôle par pôle de compétences, il n’y avait pas de vision globale dans le service. ». En effet, les problèmes de gestion des locaux étaient nombreux : par exemple, erreur de rationalisation lorsqu’un amphi de 500 places était bloqué pour 10 étudiants, coupure d’électricité sur tout le campus ou encore coupure de chauffage générale dans l’UFR de Droit à cause de tuyaux vieillissants et en mauvais état.
Au-delà de la volonté d’améliorer la maintenance et l’exploitation des bâtiments, quel était l’objectif de la démarche ? Que l’université s’inscrive dans une démarche numérique liée aux méthodes pédagogiques.
Anticiper pour débuter en toute tranquillité
Avant de se lancer, François Caumont et son équipe ont voulu comprendre le fonctionnement d’une démarche BIM et non pas être de simples commanditaires. François Caumont explique : « J’ai prévenu l’équipe que nous allions sortir de notre zone de confort, que l’on allait retourner à l’école, que l’on allait mettre un plan de formation en place, que l’on allait changer nos habitudes de travail, que tout allait changer. ».
Après avoir procédé à un audit qui a permis de faire un point sur les rôles et compétences de chacun dans l’équipe, les besoins du services (tant au niveau matériel que financier) et les prestataires éventuels, les conclusions furent les suivantes : entre 2015 et 2029, l’équipe serait capables d’exploiter et de maintenir le patrimoine de l’Université en BIM de façon autonome.
Stratégie numérique de l’Université : les besoins liés à l’immobilier
Retour sur l’objectif complémentaire à celui d’améliorer l’exploitation et la maintenant des bâtiments, l’inscription de l’Université dans une démarche numérique liée aux méthodes pédagogiques : quels étaient les besoins pour les élèves et les enseignants ?
• Accès au WIFI haut débit à tous les endroits de tous les bâtiments;
• Déploiement et généralisation de la vidéo-projection;
• Gestion du contrôle d’accès;
• Gestion des surfaces (Sequoia et RT-ESR) ;
• Interopérabilité des programmes formant le SI Patrimoine et plus généralement « gestion des données » ;
• Gestion de la vidéo protection;
• Gestion de l’occupation des locaux (ADE : emploi du temps étudiants);
• Gestion du comptage des énergies;
• Interconnexion des locaux d’enseignement avec le CEMU;
L’exploitation et la maintenance de ces matériels seraient optimisées grâce à la méthode BIM avec un objectif principal de diminuer les coûts d’exploitation (masse salariale, gestion des erreurs, plan qualité, etc..).
Deux opérations pilotes
Premier projet : la rénovation du Bâtiment B (2014 – 2015) pour laquelle ont été identifiés des inconvénients et points de vigilance dès le départ.
• Entrée dans l’innovation donc gestion de l’inattendu
• Changement du management de l’information
• Dérapage financier en cas de mauvaise appréhension de l’intérêt du BIM et des objectifs poursuivis dans sa mise en place.
• Evaluation du niveau de compétences des acteurs internes et externes (étude sur le périmètre du territoire local)
• Impacts sur les budgets
• Nécessité d’opérer sur un bâtiment « enseignement » et un autre « recherche »
• Perte de contrôle dans les objectifs fondamentaux
• Risque de dissipation de l’effort collectif et de la cohésion du groupe
Ces inconvénients ont été contrebalancés par certains avantages et intérêts :
• Bâtiment innovant avec une prise en compte du numérique (connectivité interne et externe du bâtiment)
• Coût global et exploitation/maintenance optimisés pour les années à venir
• Nécessité d’appréhender les matériels à prendre en compte dans le BIM pour la gestion de l’exploitation / maintenance
• Amélioration de la gestion des données patrimoniales et financières (amélioration de la connaissance des coûts d’exploitation et de leurs périmètres)
• Fédération et dynamisation de l’équipe autour d’un objectif commun
• Montée en compétences de la fonction immobilière
• Identification des rôles et des responsabilités (RACI)
Quel bilan l’Université a-t-elle établi au sortir de l’opération ? L’équipe a bénéficié d’une montée en compétences managériales et organisationnelles et a fait ses preuves concernant sa capacité à conduire le changement.
Le second projet pilote a concerné un bâtiment très complexe et dédié exclusivement à la recherche : une station marine, en bord de mer avec une station de pompage, à marée haute qui permet aux chercheurs de faire des études sur le milieu marin. C’est la première fois qu’une démarche BIM est mise en place pour un tel bâtiment. L’opération est en cours.
Des économies… financières, sociales, environnementales… grâce au BIM
Au regard de la mise en place de ces opérations pilotes et des moyens pré-existants, un retour sur investissement attendu a pu être établi.
Les coûts estimés, eux, sont consultables ci-dessous :
Lors de la présentation de ces tableaux, un invité a expliqué que, selon lui, le BIM ne générait pas des économies en soi, mais grâce à l’information qu’il contient, il était un bon outil d’aide à la décision. »
François Caumont a renchéri : selon lui, il existe bien des économies liées à l’adoption d’une démarche BIM : elles sont financières, sociales, environnementales voire liées aux ressources humaines. Concernant l’Université, les gains seront constatés à l’horizon 2024.
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Cet espace est ouvert à tous les utilisateurs de Polantis : il leur permet de mettre en vente ou d’acheter des objets CAO et BIM.
La Marketplace Polantis, comment ça marche ?
Côté vendeur, il faut charger son objet sur la plateforme et renseigner les informations utiles. La dernière étape pour le vendeur ? Fixer son prix en tenant compte de ce que lui-même serait prêt à payer pour cet objet, les sommes allant de quelques centimes à plusieurs dizaines d’euros.
L’équipe d’architectes et d’ingénieurs de Polantis fait un tri systématique des objets mis en vente par les membres de la communauté afin de garantir que la qualité des objets soit bien au rendez-vous.
Les critères d’évaluation sont les suivants : l’esthétique de l’objet, la bonne intégration dans une maquette numérique, la praticité, le réalisme, le niveau de détail et, pour les objets BIM, la « paramétrabilité ».
Le vendeur empoche 80 % de la somme à chaque vente d’objet, les 20 % restant vont à Polantis : ils serviront à améliorer le service et à modéliser d’autres objets destinés à alimenter la Marketplace Polantis.
Côté acheteur, la navigation se fait comme sur le site classique de Polantis (pour le téléchargement d’objets de fabricants qui sont entièrement gratuits) mais un prix est affiché pour les objets de la Marketplace.
De nombreux objets qui ont été modélisés pour les besoins d’un projet bien précis « dorment » dans les bibliothèques des logiciels des concepteurs. Polantis – à la manière d’un site de vêtements de seconde main tels que Videdressing.com ou Vinted – se propose de leur redonner vie.
Polantis encourage donc les agences d’architecture à vendre leurs objets : cette corniche modélisée pour les besoins d’un projet de réhabilitation pourrait servir à sauver du temps à une autre agence, par exemple…
Vous souhaitez accéder à la Marketplace Polantis pour :
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Les bonnes questions
Anis Naroura entame un tour de table en début d’intervention. Qui parmi vous a-t-il déjà été impliqué dans un projet BIM ? Quelles sont les questions que vous vous êtes posées en amont ?
Les participants répondent en vrac : Quels sont les objectifs du projet ? Que voulons-nous obtenir à la fin du projet ? Voulons-nous obtenir des outils pour la visualisation ? Des métrés ? Un outil pour la phase exploitation ? Quels sont les lots à modéliser ? Quel contrat doit-on établir ? Qui fait quoi ? Comment partage-t-on la maquette ? …
Anis Naroura confirme qu’il est capital de se demander « Pourquoi fait-on du BIM et quelle est la finalité de tout cela ? » c’est le point de départ de toute démarche BIM. Il évoque plusieurs objectifs et usages:
Si les équipes partent sur le projet sans objectif, elles navigueront dans le flou.
L’Îlot Pasteur, un projet monégasque à plus d’un défi
Anis Naroura évoque alors le projet de l’Îlot Pasteur pour lequel, en tant que BIM Manager, il a encouragé la Maîtrise d’œuvre à s’interroger.
Il s’agit d’un programme très complexe situé sur une friche ferroviaire désaffectée pour un terrassement de 300 000 m cube.
Anis complète en évoquant 3000 m² de galeries souterraines, comparant le site à un vrai gruyère. Il ajoute que le projet est situé à 7m sous le niveau de la mer et est en zone sismique niveau 3.
Les 11 programmes prévus (11 000 m² de bureaux, un collège de 1 500 élèves, une piscine, un gymnase, un centre de traitement des déchets, …) entrainent l’obligation de dialoguer avec 11 interlocuteurs différents.
En outre, Monaco a une maquette numérique à l’échelle de la ville et chaque nouveau projet doit être fourni en maquette numérique pour qu’il soit intégré à l’échelle de la ville.
Le bâtiment sera livré en 2021.
Anis interroge les participants de la matinale : pour un projet pareil et si vous étiez chef de projet au sein du cabinet d’architecture, quelle équipe imagineriez-vous ? Quelle expérience BIM exigeriez-vous ?
Évidemment, les participants demanderaient une expérience avérée avec une bonne maîtrise d’un logiciel BIM.
Anis détrompe alors l’assistance : les membres de l’équipe en place – hormis un BIM coordinateur – entamaient leur premier projet de cette envergure en BIM. Certains membres de l’équipe ont été formés au logiciel Revit par Anis.
La Maîtrise d’Ouvrage, elle, n’avait pas de BIM Manager.
Correctement accompagnée et consciente des objectifs à atteindre, voici les bénéfices du BIM ressentis par la Maitrise d’Œuvre :
Anis raconte ses échanges avec un bureau d’études important : lorsqu’il l’a interrogé pour savoir pourquoi les équipes n’avaient pas encore entamé une démarche BIM, il a appris que le bureau d’études s’était lancé en 2010 et avait essuyé les plâtres d’une implémentation mal préparée pour un projet test.
A deux semaines de la consultation du projet, le Directeur de projet a d’ailleurs décidé de mettre un terme au travail basé sur la maquette en repassant tout le monde sur le processus classique avec Autocad pour finaliser le dossier en urgence. La leçon à tirer de cette débâcle ? Être mieux accompagné pour le prochain test.
Pour le projet de l’Îlot Pasteur, il était impossible que l’équipe abandonne en cours de route : la principale préoccupation d’Anis a donc été d’impliquer tous les partenaires dans la collaboration et le travail autour des maquettes et de faire en sorte que chacun soit producteur ou exploitant de celles-ci.
Pour ne pas pressuriser les équipes ou « faire peur » avec le BIM, Anis a décidé de délivrer les bonnes informations au bon moment sans précipiter les choses, faisant avancer les équipes à leur rythme.
La Maîtrise d’œuvre était géographiquement dispersée avec des architectes à Monaco, un bureau d’études réseaux à Nice et un bureau d’études structure à Marseille. Chacun modifiant la maquette numérique en direct, Anis précise que ce projet s’est donc déroulé en BIM niveau 3.
Les équipes ont collaboré via une plateforme collaborative avec une possibilité de s’échanger des documents et de déclencher un circuit de validation entre tous les acteurs.
Le projet de métro de Riyad
L’Arabie construit actuellement 6 lignes de métro : comptez un budget faramineux de 26 milliards de dollars, 7 dépôts, 87 stations, 180 km de lignes et 10 stations aériennes…
Avec Setec TPI, Anis a travaillé sur la conception de deux dépôts tous corps d’état. L’un aérien et l’autre complètement enterré en plein centre-ville : les équipes étaient chargées de proposer le concept et de livrer les maquettes aux constructeurs.
Il y avait 5 700 livrables à fournir et à gérer – tous extraits des maquettes – pour les deux dépôts.
La complexité et la quantité d’information à apporter étaient considérables car la maquette devait servir à construire. Sans l’aide du BIM, Anis estime que l’on aurait eu besoin de plus de temps et de multiplier par 4 les équipes. Anis défie d’ailleurs les participants de la matinale à trouver des erreurs d’information – et non de conception – : c’est impossible car tout est géré automatiquement.
A la genèse du projet, la question de l’anticipation des besoins du client s’est d’ailleurs posée, comme pour le projet monégasque : en effet, à la lecture de la première version du BIM exécution plan, Anis a été très surpris de trouver une information trop générique.
Il lui semblait impossible de s’engager dans le projet sans que soient précisés des éléments incontournables : que devait-on trouver dans les maquettes ? Quel niveau de modélisation était attendu ? Comment devait-on nommer les objets ? Quelle information serait véhiculée ? etc…
Sans ces éléments, Setec se serait engagé à travailler indéfiniment pour satisfaire le client. Le BIM exécution plan a donc été retravaillé et est passé de 33 à 72 pages, faisant la preuve que même les plus grands doivent définir clairement leurs besoins, appliqués à chaque projet, avant d’entamer une démarche BIM.
La Grande Arche de la Défense, DOE numérique
Le projet concernait la réhabilitation et la rénovation de l’aile de la paroi sud de la Grande Arche ainsi que l’ouverture du toit au public.
Le ministère de l’Environnement, qui y a installé ses bureaux, voulait centraliser les données, pouvoir y accéder rapidement, visualiser l’information par la GMAO et définir sa future stratégie de gestion. Eiffage construction a donc fait appel aux équipes d’Anis pour créer une maquette numérique destinée à s’interfacer avec la GMAO pour le compte du ministère.
Le résultat : une maquette tout corps d’état livrable par batterie de 7 niveaux. Le challenge : que la maquette contienne une information fiable et précise. Par exemple, il fallait identifier les objets et leur associer la bonne information : luminaire 1, luminaire 2 et luminaire 3 devaient être classifiés (un code UNIFORMAT unique pour chaque objet), renommés, renseignés et distingués les uns des autres.
Il fallait faire ce travail pour 2 000 catégories, 55 000 champs de paramètres d’information, lier aussi toute la documentation, les fiches techniques et modes d’emploi de pose, …
Ici aussi la question de l’anticipation a été au cœur du projet : afin de rendre un modèle fiable (fichier natif Revit et IFC), les équipe d’Anis – qui arrivaient en cours de route et n’avaient donc pas la mémoire du projet – ont dû « refaire le travail » en s’appuyant fortement sur la chef de projet côté Entreprise.
« A quel moment de la phase du projet aurait-il fallu prendre la décision de réaliser la maquette d’exploitation maintenance ? » interroge Anis.
La réponse ne varie pas : le plus tôt possible. Si le travail avait été anticipé, les champs nécessaires auraient été ajoutés à la maquette et les entreprises auraient pu les renseigner. Il aurait été beaucoup plus simple de capturer, au moment opportun, les informations nécessaires qui ont été de toute façon, manipulées et produites par les entreprises sous forme de PDF.
Ici, l’information n’avait pas été consignée – donc maîtrisée – en temps utile et à nécessité de partir à sa recherche une seconde fois.
Anis conclue son intervention comme suit : « Faire du BIM pour faire du BIM, ne garantit pas d’en tirer pleinement le bénéfice. Il faut avoir une vision claire de la direction dans laquelle l’équipe va, la clef de réussite dans chaque projet étant l’anticipation. »
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Le fabricant de stratifié le plus renommé d’Europe met son catalogue BIM à disposition des prescripteurs. Les 272 références sont disponibles sur la plateforme Polantis dès maintenant.
Les textures BIM Resopal (collections acutelles) permettent de réaliser des projets pour l’extérieur et l’intérieur (sanitaires compris).
RESOPAL® – c’est la marque, l’entreprise et la surface, la tradition et la modernité.
La société Resopal GmbH à Groß-Umstadt produit, avec environ 600 collaborateurs, des panneaux en stratifié (HPL) fonctionnels et décoratifs. On retrouve les produits dans les trains, les paquebots de croisière, dans l’aménagement intérieur, sur les façades extérieures, dans les salles de bains, dans les hôpitaux, dans les salles de sport et sur les meubles. Les consommateurs finaux associent ce nom au design des années 50, à savoir à la table basse réniforme, à la cuisine ou aux les planchettes pour le petit-déjeuner.
L’origine de la marque vient du brevet déposé en 1930 par August-Hermann Römmler. En raison de sa grande renommée, l’entreprise fondée en 1867 a, par conséquence, changé de nom en 1971. De ce fait, la société actuelle Resopal GmbH peut se targuer d’être pionnière du stratifié et de la surface. Et comme le matériau dispose d’une des surfaces les plus dures, il continue de fournir des solutions tendance pour l’aménagement moderne de l’espace.
L’entreprise fait partie du groupe industriel Wilsonart International Holdings LLC. Elle est certifiée FSC® et PEFC™ et peut présenter des certificats pour un système de gestion de l’environnement et de l’énergie conforme à ISO 9001, 14001 et 50001. Depuis 2000, Resopal continue de se faire remarquer pour sa stratégie d’entreprise de développement durable.
De nombreuses références sont mises à disposition des prescripteurs sur Polantis.com :
Pour obtenir plus de détail sur ces références, vous pouvez-vous rendre sur l’onglet Collection sur le site de Resopal en cliquant ici.
L’ensemble de ces référence est disponible sur Polantis.com dans les formats suivants : Revit, Archicad, Sketchup et TEX (une texture à télécharger pour aposer le produit dans n’importe quel logiciel de conception ou de rendu) : cliquez ici.
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A l’origine, Tipee n’est pas spécialisé dans le BIM. Cette société basée à La Rochelle rassemble les compétences scientifiques et techniques complémentaires de plusieurs profils de chercheurs et d’ingénieurs. Chacun d’eux est spécialisé dans différentes thématiques du bâtiment durable pour répondre efficacement aux enjeux de la transition énergétique.
Depuis 2014, Tipee a développé une activité numérique autour de plusieurs axes : l’assistance à MOA, le BIM management et le consulting (par exemple pour l’Union Social pour l’Habitat ou la Fédération Française du Bâtiment).
Cécile Jolas coordonne ce pôle, né avec le projet présenté lors de la matinale.
Porté par l’Office Public de l’Habitat de l’Agglomération de La Rochelle et coordonné par Tipee, Rupella-Reha est un projet lauréat de l’Appel à Manifestation d’intérêt (AMI) lancé par l’ADEME sur le thème « Bâtiments et îlots à énergie positive et à bilan carbone minimum ». En 2013, Tipee remporte l’appel d’offre.
Une petite opération pour « tester » le BIM
Il s’agit d’une petite opération de réhabilitation de 16 logements à La Rochelle : 1 000 m² pour 650 000 € HT de budget travaux.
C’est à partir de cette opération test que l’ensemble des méthodologies BIM que Tipee utilise désormais au quotidien ont été conçues. Tipee a accompagné – et été accompagné – sur ce projet par le cabinet d’architecte et la MOA qui lançaient eux aussi leur activité BIM.
Fin 2013, début 2014, la question de « se lancer » en BIM était loin d’être l’évidence. Cécile Jolas explique même « à l’époque, tout le monde était en mode découverte totale ».
Le bâtiment en moellon, date de 1954, c’est un ensemble typique de l’arrière-pays charentais, qui propose des logements du T1 au T5 avec une trame répétitive par étage. Le bâtiment n’a subi aucune modification (sur la structure, en terme d’amélioration énergétique,…) : les plans de 1954 sont donc juste.
La réhabilitation en site occupé présente un objectif de 50 kw/mètre carré/an, les architectes auront recours à de l’isolation par l’extérieur.
Le scan 3D, bilan mitigé
Au démarrage, la décision a été prise de tester la technologie scan 3D pour le projet.
En 2014, le prix était prohibitif : le scan a coûté 8000 euros pour 1000 m pour le relevé de points uniquement (pas de modélisation donc).
Il s’agissait aussi d’une opération en site occupé : pour faire ce relevé il fallait l’accord des locataires : ce scan constituait un accès à la vie privée. Il a aussi été nécessaire de prendre rendez-vous avec chacun des locataires.
Le constat d’une telle opération est aujourd’hui mitigé tant elle a été chronophage : il a fallu un jour de travail pour l’extérieur et quatre jours pour l’intérieur. Chaque appartement a été relevé en une heure.
Effectivement, l’avantage d’un tel scan est qu’il n’a plus été nécessaire de revenir sur le site pour faire des relevés complémentaires mais les appartements étant occupés, le mobilier et les personnes présentes faussaient parfois les relevés.
Neuf versions de la maquette numérique en un an
La Maîtrise d’œuvre (cabinet d’architecture et bureau d’études) a spontanément proposé de monter la maquette numérique du projet à partir du nuage de points : elle s’est formée et s’est équipée en logiciels dans cette optique. L’architecte a opté pour Archicad tandis que les bureaux d’études s’équipaient de Revit. Le projet étant une commande publique, il devait obligatoirement être livré au format d’échange IFC.
La première maquette numérique n’était pas « exceptionnelle » selon l’euphémisme utilisé par Cécile Jolas. Il a fallu 9 versions pour qu’elle soit parfaitement exploitable et importable/exportable en IFC.
A noter : aujourd’hui l’architecte de l’opération intervient en tant qu’expert lors de journées consacrées à l’échange de maquettes entre différents logiciels. C’est ce projet qui lui a permis de développé une telle expertise.
La qualité des maquettes
Pour réaliser sa maquette numérique, le bureau d’études Fluides a d’abord fait le choix d’un logiciel qui n’a « rien donné », finalement il s’est équipé de Revit.
A ce stade de la présentation, Cécile Jolas fait un point sur la nécessité d’une maquette complète et détaillée pour rendre son exploitation possible. Par exemple, dans le cas de la maquette Fluides, il fallait que l’intégralité des raccords (au-delà des gaines et des conduits) soient présents afin de faire des calculs pertinents. Cécile Jolas insiste sur la nécessité pour les fabricants de fournir leurs objets BIM.
Les équipes de Tipee se sont concentrées sur la qualité des maquettes, et la nécessité d’obtenir des éléments exploitables pour les études… Avec des maquettes « parfaites », la partie synthèse a été réduite : il a simplement fallu les superposer.
Afin d’obtenir cette qualité, Tipee a beaucoup travaillé sur les documents de travail remis aux acteurs du projet. Par exemple, l’équipe a développé une méthode de revue de la maquette très précise : chaque élément qui n’était pas correct était capturé et intégré dans un excel avec la mention de ce qui n’allait pas pour que le concepteur de la maquette puisse faire les corrections.
La partie chantier
Le projet est aujourd’hui en chantier. Cette partie a d’ailleurs posé question à Tipee : comment intégrer au BIM les très petites entreprises rochelaises qui travaillent sur le chantier (en corps d’états séparés) ?
L’intégration a été faite sous l’angle du numérique et de la collaboration : les entreprises ont été priées de se connecter sur la plateforme mise en place par Tipee (sur la base de l’actuelle Kroqi du PTNB). Elles devaient remettre les fiches techniques des produits posés, leurs références commerciales, leurs garanties et notices d’entretien…
L’arborescence de la plateforme a été travaillée sur mesure pour le projet avec la MOE et chaque entreprise disposait d’un espace dédié à son lot pour déposer ses documents.
Au démarrage, une telle opération a demandé beaucoup de pédagogie et d’assistance technique mais aujourd’hui ces entreprises voient l’intérêt de cette numérisation.
La MOE en premier car elle récupère très simplement les fichiers : cela a grandement facilité la réalisation du DOE, par exemple.
Le projet sera livré en 2019, Tipee continue d’accompagner les acteurs du projet pour favoriser leur montée en compétence.
En parallèle du projet, la conception d’un outil d’optimisation des coûts énergétiques
A partir de ce projet test, Tipee a aussi souhaité aller plus loin en créant un outil plus en lien avec les compétences premières de l’équipe : l’optimisation des coûts de l’énergie pour des projets neufs ou de réhabilitation. Ce projet a été soutenue par l’ADEME.
En règle générale et pour un projet comme celui que Cécile Jolas a présenté, on étudie deux ou trois scenarii de réhabilitation. L’économiste, le bureau Fluides, etc. font leurs quantitatifs et simulations de leur côté…
L’outil développé par Tipee passe en revue plusieurs scenarii intéressants pour assister au mieux la conception. Sur la base des informations produits trouvées dans Edibatec, il intègre des variables différentes pour le plancher haut, les murs, les fenêtres, le plancher bas, les menuiseries extérieures, le système de prod de chauffage, etc.
Ces différents produits sont associés pour déterminer quelle est la combinaison de produits la plus optimales et le meilleur rapport coût/consommation/performances. Ce sont quelques milliers de combinaisons possibles qui sont calculées par cet algorithme (ce qui représenterait environ 200 ans de travail pour un être humain)
L’intérêt de l’outil ? Privilégier les produits innovants et performants (au-delà de ceux que l’on aurait choisi par facilité ou habitude).
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