Annalisa de Mestri, Directrice de VP I BIM sera l’invitée du prochain Jeudi Prescripton organisé en ligne par BIMobject France et Polantis.
Annalisa interviendra sur la gestion des données BIM pour un bâtiment en réhabilitation lourde avec l’exemple de l’hôtel parisien Bagheera.
Annalisa expliquera les éléments hérités d’un modèle en conception et les attentes au niveau des objets pour la phase de design d’intérieur actuellement en modélisation BIM.
L’hôtel Bagheera est hôtel particulier construit en 1751 qui doit répondre, aujourd’hui, aux standards hôteliers qui ont fortement évolués ces derniers années. Pour cela, Valode & Pistre a imaginé un projet qui s’articule autour de 3 interventions majeures :
Pour cette transformation, le BIM est au cœur des échanges, avec une attention particulière à la définition des objets et aux données qui les composent.
L’hôtel Bagheera jouit d’une situation privilégiée au cœur de Paris, entre l’un des quartiers qui symbolise le luxe à la française, la rue Saint Honoré, et le lieu qui représente l’histoire et la culture française avec le musée du Louvre et le jardin des Tuileries.
Annalisa de Maestri
Ingénieur de formation inscrit à l’Ordre des Ingénieurs de Milan. Annalisa est depuis plus de 10 ans à la direction d’entreprises spécialisées dans le BIM et le digital appliqué aux métiers de la construction, y compris la synthèse d’exécution. Depuis 2019, elle dirige VPBIM, entreprise du Groupe Valode&Pistre, spécialisée dans le BIM Management, la Modélisation tous corps d’état, la synthèse et le développement d’outils d’optimisation et automatisation. Elle est également en charge des sujets de R&D et outils numériques pour le Groupe.
Cette conférence en ligne est une opportunité d’échanger sur l’application concrète du BIM dans le cadre d’une rénovation.
Le jeudi 30 janvier, des industriels et des professionnels de la construction (architectes, dessinateurs, ingénieurs…) étaient réunis dans les locaux d’Abvent pour assister au Jeudi Prescription organisé par BIMobject et Polantis, animé par Francesco Ciurleo.
Francesco Ciurleo, Architecte – BIM Manager de l’agence Quadri Fiore Architectes nous a fait le plaisir d’animer cette soirée Jeudi prescription et de partager son expérience autour du projet « Origine – Bureaux ». Origine déploie 70 000 m2 de bureaux autour d’un vaste jardin perméable qui compose avec la ville et relève le défi technique du renouvellement de « l’architecture en bois vers des volumes contemporains grâce à une structure mixte portant 8 étages ».
Un projet d’envergure de 70 000 m2 distribué en deux bâtiments (T1 et T2), reconnu comme le plus grand projet bois de France !
Lire le compte rendu
Pourquoi et comment le projet a-t-il été conçu en BIM ? Quelle a été la méthode BIM appliquée par l’agence et autres acteurs du projet, comment le projet a-t-il été géré ? Comment les points complexes du projet ont-ils été solutionnés ?
ICADE, client de ce projet avait la volonté que le projet soit conçu et livré en BIM. Origine est un projet pionnier en BIM car le projet a été gagné en 2015. Or, il y a 5 ans, vouloir concevoir un projet de cette taille en BIM était un défi.
Pour expliquer et montrer toute l’envergure du projet, Francesco a présenté directement les maquettes depuis ARCHICAD.
Pour expliquer et montrer toute l’envergure du projet, Francesco a présenté directement.
Le client ICADE a lancé un concours en 2015, remporté par le regroupement ACQ (Architectes Caubet et Quadri Fiore). Les deux agences se sont réunies pour pouvoir mener toutes les études et envisager de construire ce beau projet. Les tâches ont été divisées de manière réfléchie car le projet fait 70 000 m2 répartis sur deux bâtiments. Cette réflexion de partage des tâches était primordiale afin de garder un esprit unitaire entre les bâtiments et avoir un langage commun pour le projet dans son ensemble.
Dates clés :
La complexité, la particularité de ce projet est que c’est une structure mixte : structure bois, acier et béton. Le bois constitue l’élément essentiel de la structure, le béton est utilisé pour l’infrastructure, le RDC, le R+1 et pour les noyaux centraux de la superstructure accueillant les circulations et les services. D’autres parties de la charpente sont traitées en acier.
Les acteurs principaux de ce projet d’envergure :
Quand on parle de BIM, on parle d’un format open BIM et non d’un logiciel. On a créé un protocole d’échange pour permettre à toutes les parties prenantes du projet de dialoguer en IFC et de donner satisfaction au client afin de répondre à ces demandes très précises.
Il ne faut pas avoir peur de cette démarche BIM, il faut s’y mettre dedans. Le BIM Manager n’est pas un geek… Chaque architecte doit comprendre et utiliser les nouveaux outils qu’il a en main. En général à l’agence Quadri Fiore et sur ce projet en particulier, nous ne séparons pas les tâches (modélisation, 3D, données dans la maquette etc…) au contraire, notre volonté est de faire participer tout le monde afin que chacun accède à la maquette. Tout le monde est formé pour travailler en BIM, chacun est responsable de son intervention sur le projet en tant qu’architecte. Environ 8 personnes travaillaient à temps plein entre les deux agences Maud Caubet et Quadri Fiore. Chaque architecte savait concevoir en BIM avec le soutien du BIM Manager, moi-même et le BIM Manager de l’agence Maud Caubet. Il est important de voir le BIM comme une nouvelle manière de travailler.
ICADE voulait que le bâtiment soit conçu et livré en BIM. Au départ, la démarche BIM peut se révéler plus coûteuse et demande quelques investissements, mais elle permet à ICADE d’économiser par la suite, notamment sur la maintenance/exploitation pendant toute la durée de vie du bâtiment.
En phase Conception, Laurent Marie d’Egis a facilité la compréhension des objectifs définis dans le programme du concours par le client auprès des architectes et a échangé avec eux pour voir comment ils étaient capables de répondre au client.
Une convention BIM est vivante, elle avance avec le projet, avec le savoir-faire de chacun.
Si a un moment donné, il y a quelque chose qu’on ne s’est pas géré, il faut le dire. Le BIM Manager avait pour rôle de créer cette convention d’exécution BIM et nous l’avons rédigé en phase APS. La convention BIM permet de faire le lien entre le client et la maîtrise d’œuvre.
Quand on parle de convention BIM d’exécution, on définit le rôle, la responsabilité de chacun, quelles sont les contributions de chacun, quelles sont les plateformes utilisées, quels sont les logiciels que chacun souhaite utiliser. Rien n’a été imposé, tout le monde utilisait le logiciel, la version qu’il voulait. La convention définit de quelle manière on exporte les choses. On fait des tests, on voit ce qui marche ou pas et si un problème ne peut être résolu, on l’acte, on l’écrit dans la convention, le client en prend acte. Par exemple, un problème d’échanges, d’IFC (il évolue tous les deux ans), de logiciels…
Le BIM Manager est amené à faire un protocole d’échange pour gérer les problèmes d’échanges qu’il peut exister entre les différents acteurs. Qu’est-ce qu’un protocole d’échange ? C’est un vade-mecum sur lequel on acte quelles sont les démarches pour qu’une exportation soit bien faite et que tout fonctionne.
Plusieurs logiciels ont été utilisés sur ce projet. A l’agence Quadri Fiore Architectures, nous avons travaillé avec ARCHICAD comme l’agence Maud Caubet. L’entreprise a fait la synthèse avec Revit, le constructeur bois a travaillé avec Cadwork, … Mais le format d’échange partagé par tous est l’IFC.
Nous avons travaillé sur la version 19 d’ARCHICAD pour la conception des bâtiments et amené en version 20. Le fichier total pèse 10 giga. Nous avons donc fait une répartition entre les deux bâtiments T1 et T2 et nous avons créé des sous-modules type blocs sanitaire, façade, cage d’escalier. Cela nous a permis de reunir la totalité du projet sur un fichier de recollement qui contient les deux bàtiments et leus sous-modules. Ce fichier de recollement pèse 1,5 giga octet. Le DOE reste en ARCHICAD 20. Ceci est un choix de notre agence pour garantir aucune perte d’information qui pourrait s’avérer lors d’un passage d’une version à l’autre du logiciel. Pour rester dans « l’air du temps de tous les projets privés », les phases APD, PRO et DCE sont confondues.
Depuis la maquette de recollement, nous envoyons des PMK vers un PLN partagé de mise en page pour obtenir les livrables (PDF, DWG et impressions).
Les bâtiments devaient respecter la perméabilité urbaine voulue par la ville et conserver un passage public pour les riverains. Il y a une massivité du bâtiment (socle de 6 mètres de long).
Le projet Origine se veut exemplaire en matière de technicité, de créativité et d’écoresponsabilité. L’un des défis lors de la réalisation de l’ensemble immobilier a été d’assurer un meilleur confort aux usagers et un bâtiment responsable qui a répondu aux exigences de ces 6 labels : ENERGIE+CARBONE- / HQE EXCELLENT / BREEAM EXCELLENT / LEED GOLD / BIODIVERCITY / WELL SILVER.
La structure du projet :
C’est une structure mixte : acier / béton / bois. Les noyaux centraux sont en béton. A ce jour, il est le plus grand projet bois jamais réalisé en France. Aucune fixation n’est visible sur le bois et Arbonis a permis de livrer une structure bois impeccable. La structure n’a pas pu être réalisée tout en bois car, certaines zones trop sollicitées, nous auraient demandé des solives en bois trop hautes. Cela nous empêchait de respecter la hauteur sous faux plafond (HSFP) voulue par le client. Donc certains éléments ont été retravaillés en acier.
Le bois vient de Suède (très bonne qualité mécanique et esthétique (peu de nœuds). La France ne pouvait pas fournir autant de bois pour ce projet (pas assez de bois disponible et il était de qualité moindre).
Environ 7 000 m3 de bois ont été utilisé pour ce projet
25 000 m2 de plancher en bois, 2 000 poutres en bois et 1 500 poteaux en bois.
Origine déploie 70 000 m2 de bureaux autour d’un vaste jardin perméable qui compose avec la ville. La recherche de bien-être appliquée aux espaces de travail est présente de façon manifeste dans l’atrium d’entrée. Il se développe sur toute la hauteur du corps principal du bâtiment par un ensemble de balcons circulaires en bois, superposés et légèrement excentrés, baignés par une abondante lumière zénithale. Le confort des usagers est complété par un vaste bouquet de services intégrés regroupant conciergerie, auditorium, restaurants et salles de fitness en rez-de-jardin de chaque bâtiment.
Francesco a détaillé les éléments des deux bâtiments, en montrant les maquettes ARCHICAD et des photos du chantier actuel.
BATEG utilise sur le chantier des écrans pour la lecture des plans et l’affichage de la maquette renseignée. Les compagnons utilisaient l’impression 3D réalisée par une imprimante 3D pour prendre connaissance de ce qu’ils devront construire.
La plateforme administrative utilisée est CGTi4 (EGIS). La plateforme de contrôle des maquettes BIM est 360 (Autodesk). Un rapport de qualité des maquettes est établi tous les trois mois. Le DOE du client sera consultable sur la plateforme Data Soluce.
ORIGINE est un projet important et de grande envergure pour notre client ICADE, pour les architectes, pour nos BET et pour les entreprises de construction. Nous sommes face à un projet complexe autant pour le programme établi, que pour la dimension, le respect des normes, le défi technique et technologique. Le BIM nous a aidé dans la démarche et le contrôle qualité de notre projet.
Avant d’être construit sur site, il l’était déjà sur nos ordinateurs, tout a été renseigné, rien n’a été laissé au hasard. ARCHICAD a été primordial pour les architectes. Sa souplesse, sa rapidité d’exécution et son ergonomie de l’interface impeccable a permis aux équipes d’évoluer, de changer, de se donner le relai sans être jamais source de retard sur les délais parfois serrés pour un projet de ce type. Une expérimentation continue qui a été poursuivie sur le chantier avec la réalité virtuelle, le scan 3D et les impressions 3D.
Bref, nous avons de quoi être fiers !
Remarques :
Nous sommes preneurs de l’intégration des produits utilisés dans nos projets. Cela nous facilite la saisie des données pour un projet conçu et livré en BIM.
Par contre, la plupart de fois nous sommes face à des objets bien modélisés, mais peu renseignés. Je souhaiterais que les fabricants se rapprochent de plus en plus auprès des architectes pour comprendre notre demande dans un processus BIM. Nous ne souhaitons pas avoir des produits très détaillés et donc lourds, mais nous aimerions des éléments légers, paramétrables et incluant les informations nécessaires pour qu’un CCTP puisse être extrait automatiquement. Cela nous permettra de fidéliser des prescripteurs, de produire des CCTP les plus fiables possible et garantir un marché conforme aux attentes de tout le monde.
Pour finir, il faut s’ouvrir et garantir la même qualité de vos produits à tous les acteurs du marché dont notamment, les utilisateurs d’ARCHICAD.
En savoir plus sur l’agence Quadri Fiore Architecture
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Un accès commun à Polantis et BIMobject
Le jeudi 28 novembre, des industriels et des professionnels de la construction (architectes, dessinateurs, ingénieurs…) étaient présents à L’Atelier TARKETT pour assister au Jeudi Prescription organisé par BIMobject et Polantis.
L’objectif de cet événement ? Téri Feugeas, Consultante BIM et Architecte, ex-professeure des Universités nous a fait le plaisir de partager ses idées et son expérience sur la conception architecturale, les projets et le BIM.
Les « Jeudi prescription » sont un moment de partage et d’échanges pour ouvrir le débat avec d’autres architectes et d’autres métiers de la conception architecturale.
« Je suis architecte DPLG. J’ai exercé d’abord en Argentine. J’étais responsable de la 2ème année de conception architecturale à l’université et en parallèle j’avais créé mon agence d’architecture composée de 2 ingénieurs et 2 architectes, nous avons travaillé sur des programmes divers.
Je suis venue travailler en France en 1990. J’ai commencé chez Dumez, pendant 2 ans et j’ai travaillé sur des projets de rénovation de prisons.
Travailler dans plusieurs entreprises s’est révélé pour moi être une formidable expérience. Ensuite, j’ai créé mon agence et j’ai fait des formations pour Autodesk. «
La méthode BIM est la capacité de pouvoir intégrer tous les outils de conception et de construction dans un projet, quel que soit le choix des outils.
Le BIM n’est synonyme de 3D en réalité, ce n’est pas non plus uniquement la maquette. On travaille sur le projet, on avance avec des données plus complexes, que l’on peut extraire et retravailler.
Le sujet du BIM lié à l’architecte et à la conception interpelle Téri depuis longtemps. Souvent, le BIM est associé à un enjeu de normes, de protocoles, de coordination mais on oublie l’essentiel. Derrière la méthode BIM, il y a la conception, les projets, les programmes qui vont guider la méthode qu’on va utiliser pour un programme en particulier.
Pour Téri, il y a autant de méthodes BIM que de « programmes d’architecture ». C’est pourquoi c’est impossible de traiter cet aspect comme une mécanique,comme une communication de documents et encore moins de le réduire à des « Conventions et des Normes » pour une utilisation correcte.
L’architecte doit pouvoir découvrir des outils qui facilitent le chemin de la création et d’éviter en amont de se retrouver face à des normes, des chartes à respecter avant de connaître les enjeux de composition qui s’imposent par rapport au programme.
Téri a présenté plusieurs programmes sur lesquels elle a travaillé en valorisant notamment le chemin de conception.
1erexemple : Stade de football ou rugby
Lorsque nous sommes face à un nouveau projet comme un « Stade de football ou de rugby », deux aspects s’imposent : le contrôle de la visibilité du terrain de jeu, et la conception d’une structure simple et logique pour la toiture unique de l’ensemble.
Il existe des logiciels adaptés aux études de visibilité qui apportent des données précieuses pour l’architecte en amont de la conception de la forme finale du bâtiment.
En effet, construire un stade de foot : il y a une géométrie qui est la base, c’est le terrain de jeu, géométrie stricte par rapport à des proportions. A chaque fois, il y a une contrainte dès la conception figée car le terrain va constituer le centre de l’objet d’étude principal.
C’est l’intérêt de ce type de programme.
Par exemple, le projet « Arena » réalisé par l’architecte Christian de Portzamparc à Nanterre et Vinci Construction, ils ont travaillé en BIM avec Revit et Digital Project. Ils ont traité d’une part l’enveloppe en sachant que l’enveloppe doit répondre aux contraintes de couvrir, de sécurité et la possibilité d’être ouvrable.
Le BIM a permis l’optimisation entre le béton, la charpente métallique et la coque de la façade. Le nombre de pièces prévues au départ pour la coque était de 300 moules grâce à l’optimisation, le nombre de moules a été réduit à 26 moules
D’un autre côté, ils ont travaillé l’autre aspect essentiel de conception : la visibilité et la morphologie des gradins, pour garantir que quel que soit l’angle, la vue est optimisée, un logiciel de simulation a été utilisé pour constituer la forme.
2èmeexemple : un programme de réhabilitation
Pour un programme de réhabilitation, tous les composants de base qui seront utilisés pour le projet existent déjà. Pour ce type de projets le point de départ se trouve dans l’existant dans le meilleur de cas, récupéré en nuage de points à partir d’un scan 3D. En réhabilitation, il s’agit de corriger et mettre à jour par rapport aux normes tous les espaces et les éléments constitutifs de notre projet.
Les familles paramétriques utilisées ne peuvent pas venir de l’extérieur du projet sans une réadaptation en fonction des objectifs à atteindre, par exemple, le changement de fenêtres en rénovation.
Si on parle du BIM en réhabilitation, qui a la vedette ? C’est la réalité car on intervient sur la globalité.
Le point de départ : si on peut obtenir le scan 3D de la modélisation du bâti, c’est excellent car cela permet d’analyser les pathologies. On peut récupérer directement les familles paramétriques… Il faut extraire ce que l’on a, modéliser l’existant ou aller chercher à l’identique. Tout est lié à ce qui existe.
Par la suite, le travail de conception consiste à transformer l’existant, par exemple pour le changement de fenêtres, le travail va s’effectuer sur la famille paramétrique car on pourra griffer des solutions à ce qui existe.
Des revêtements de sols, isolants ITE, sécurité incendie … toutes les études en maquette numérique doivent être intégrées dès l’existant en transformation ou modification.
Tous mes projets sont travaillés en 3D.
3èmeexemple : Architecture d’intérieur, réhabilitation
Téri a travaillé sur de multiples types de programmes et notamment des projets de rénovation d’appartements. Le BIM est une méthode qui doit faciliter la tâche de mieux concevoir aux concepteurs. Quand des systèmes d’analyse en conception sont imposés, cela retarde, au final, le projet.
Pour que le BIM soit un outil d’accompagnement dans un projet de rénovation d’appartement : tous les outils doivent faciliter le travail, respecter une harmonie d’ensemble, notamment avec des plateformes comme BIMobject et Polantis… Avec le BIM, on a accès à la maquette, au rendu, on peut voir les textures, les matériaux … c’est le chemin spécifique à ce type de programme.
Le chemin de conception suit 4 étapes :
4èmeexemple : logements, hôtellerie, maisons de retraite.
L’analyse des cellules est le point commun entre ces types de programmes, on parle de prototypes. Avec le BIM, les cellules sont fabriquées avec une trame déjà spécifiée. Travailler sur une maquette permet de réaliser une mise à jour de la cellule.
Si nous sommes face à un projet d’hôtel industriel, le point de départ pour la conception de l’ensemble sera les études en amont des maquettes
« chambre types ». Une fois ces prototypes optimisés, il est possible par la suite d’organiser la composition de l’ensemble.
Cette méthode peut se transposer pour d’autres programmes comme le logement collectif ou la santé.
Téri a retravaillé, avec un groupe d’étudiants, 2 projets tutorés.
L’aménagement en BIM d’un hôtel industriel en utilisant le logiciel Revit. Mise en application concrète de la méthodologie BIM avec un programme précis.
Le guide de conception : il faut optimiser la chambre qui est le cœur du projet
5èmeexemple : les prototypes
Pour ce type de projet, l’analyse d’un cahier de charges précis, la morphologie adoptée et les composants seront attachés avec un système de construction de l’ensemble. Les familles paramétriques, les composants in situ et le système de construction constituent pour ce type de projet une unité. Évolution dans le temps avec mise à jour du modèle.
Exemple de prototype : Un abri de Gare à l’étude en vue de l’impression du modèle en 3D
Ces prototypes sont à l’étude. Le modèle a été optimisé avec les aspects robotiques.
6èmeexemple : Hôtel new-yorkais réalisé hors sol en Polaogne
Récemment, un hôtel modulaire a été réalisé hors-site à New York. Je n’ai pas participé à ce projet. Toutes les chambres ont été réalisées, transportées depuis la Pologne avec tous les éléments (literie, luminaires…).
L’ensemble a été optimisé.
Chaque programme, chaque projet propose naturellement les priorités à considérer dans l’organisation de l’espace, les outils informatiques adaptés à utiliser suivant chaque étape, et les plans et documents qui vont constituer la maquette numérique adaptée au type d’architecture à produire.
La méthode BIM doit incorporer tous ces éléments dès le départ afin d’éviter de rentrer dans un processus mécanique de création de murs, de portes, des fenêtres avant de comprendre le système global où chaque élément va être intégré.
La maîtrise des familles paramétriques (création, modification, adaptation) est indispensable afin de pouvoir, le cas échéant, créer un nouveau système de construction.
Si Jean Prouvé, (grand architecte du XXème siècle) invente le mur rideau en 1930, c’est grâce à un travail de conception liant le matériau, la technique et les objectifs à atteindre du projet global.
Jean prouvé a innové, inventé un nouveau système.
Apprendre à fabriquer, à inventer des systèmes de famille paramétrique.
Finalement, le BIM comme « Le Bonheur de l’innovation maîtrisée ».
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Un accès commun à Polantis et BIMobject
Le jeudi 10 octobre, des industriels et des professionnels de la construction étaient présents dans les locaux d’Abvent pour assister au nouvel Apéro Prescription organisé par BIMobject et Polantis. Damien Cordier, architecte associé chez DRLW Architectes, présentait le projet Merck Millipore, un projet 100% BIM.
Après un DESS Architecture et Archéologie à l’Université Marc Bloch de Strasbourg en 2005, j’ai obtenu le diplôme d’Architecte DPLG en 2006. Après plusieurs expériences en agence puis à mon compte, en janvier 2014, j’ai rejoint Denis Dietschy, Jean-Marc Lesage et Christian Weinmann à la tête de l’agence DRLW architectes, après 4 années de collaboration.
Pour moi, chaque bâtiment doit être à la fois fonctionnel, « porteur d’image » et respectueux de l’environnement. La rigueur et la précision apprises sur les sites archéologiques m’inspirent encore aujourd’hui pour gérer les opérations dont j’ai la responsabilité. J’ai été formé très jeune au travail collaboratif, aujourd’hui, je suis le référent DRLW pour la généralisation du Building Information Modeling (BIM).
Depuis sa création, en 1979, DRLW architectes a développé une solide expérience dans des domaines et des échelles très variés. Basée à Mulhouse, notre agence compte 4 associés et une trentaine de collaborateurs. Elle intervient en tant qu’architecte mandataire sur tout le territoire français pour des maîtres d’ouvrage publics ou privés sur des projets extrêmement divers en réhabilitation ou en neuf : gares et aéroports internationaux, programmes de logements, bâtiments tertiaires ou industriels, résidence d’accueil pour personnes âgées, établissements scolaires, piscines et gymnases … Par exemple, il y a deux ans, nous avons livré l’aéroport de Mayotte en bois, le centre de maintenance du nouveau tram de Besançon.
Nous avons également travaillé sur la réhabilitation de bâtiments tertiaires comme la maison d’Alsace à Paris. Le projet, présenté lors de cet Apéro Prescription, est la construction d’un bâtiment composé d’un showroom, laboratoire et de bureaux pour Merck Millipore à Molsheim, près de Strasbourg.
« Ce qui est réellement intéressant dans ce projet entièrement mené en BIM, est la correspondance voire la quasi exactitude entre la maquette conception et le bâtiment construit.«
Merck Millipore souhaitait construire un showroom clients comprenant : un accueil client, des laboratoires, des salles de conférences, des bureaux et du stockage. Le Projet en quelques chiffres :
– Maître d’ouvrage : Merck Millipore
– Collaboration avec le cabinet d’ingénierie tous corps d’état : OTE.
– Surface : 4 100 m2
– Coût : 9,3 millions d’euros
– Mission de DRLW architectes : complète
– 1er fichier Master plan réalisé en 2017
– Chantier : 13 mois
– Livraison du chantier : 2019
L’objectif de ce showroom est d’accueillir les clients venant de toute l’Europe et du monde entier. Ce bâtiment devient une véritable vitrine, un support de communication valorisant pour le groupe Merck.
Le BIM a été la clé pour remporter ce projet. Dès le départ, nous avons présenté au client des maquettes BIM, même s’il ne le demandait pas. Nous lui avons expliqué l’intérêt de travailler en BIM pour lui et pour nous. Avant, l’architecte travaillait sur des dessins, des maquettes 2D et maintenant toutes les informations sont intégrées dans une maquette 3D. La maquette s’enrichit au fur et à mesure de l’avancement du projet en intégrant toutes les données techniques du Bâtiment.
Nous avons été force de propositions vis-à-vis du client : notre agence a dessiné le projet en 2D, on a proposé une étude du site et fait une préconisation du lieu d’implantation du bâtiment.
Pour étayer notre discours, nous avons réalisé les premières maquettes 3D. Ces dernières se sont révélées être un outil d’aide à la décision pour le maître d’ouvrage qui a mieux compris le projet, il a pu se balader dans la maquette et prendre des décisions plus rapidement.
Pour faciliter la présentation du projet lors de l’Apéro Prescription, Damien a comparé les PDFs et les maquettes réalisées sur ARCHICAD.
Oui, nous avons mené plusieurs types d’études en amont pour bien préparer le projet.
Dans un premier temps, un « Space Planner » a étudié l’environnement de travail des salariés, les espaces de travail et de rangement nécessaires en fonction des métiers. Il a réalisé une synthèse des besoins afin d’optimiser le bien-être, le confort des employés et rationaliser l’espace de travail.
En parallèle de cette étude, la modélisation en BIM du bâtiment a participé également à l’optimisation des lieux.
Également, des études d’ensoleillement, thermiques et d’exposition ont été réalisées avec OTE. Sur ce projet, il était nécessaire de gérer la double peau micro-perforée du bâtiment, le patio plein sud, le laboratoire entièrement vitré. Grâce aux études, le patio a été bien orienté et pensé : la forme trapézoïdale, les dimensions, la qualité du vitrage et les protections solaires bien choisies.
Nous avons été capable de produire rapidement des études, de fournir des maquettes 3D pour que le client valide à chaque étape et prenne les bonnes décisions pour que le projet avance selon le planning établi.
Une maquette BIM qui s’enrichit à chaque phase :
Dès la phase APS, il était intéressant pour le Maître d’ouvrage de disposer de la maquette BIM. Il a pu se balader dedans ce qui lui a permis d’identifier tous les espaces, leur taille, le mobilier : l’entrée, le hall, le showroom. Les échanges entre l’agence et le client ont été facilités grâce à la maquette.
Dès cette phase, en partenariat avec OTE nous avons réalisé les vrais chiffrages avec les économistes ce qui permet de savoir précisément de quoi on parle et non établir des ratios « à la louche ».
Avant la phase APD, on a souvent des schémas et des études statiques mais on a rarement des maquettes 3D. La modélisation des structures est établie en phase APS mais rarement les fluides. La phase APD sert de support pour faire le permis de construire et accessoirement pour faire toutes les perspectives.
J’ai communiqué une perspective de ce projet au client et je me suis avancé sur le fait que le projet serait construit tel que modélisé car nos études étaient précises, quantifiées, il y avait un vrai modèle 3D. La réalité du projet a validé la perspective.
La maquette a montré toute la signalétique normée par Merck : toutes les perspectives avec les plafonds micro-perforés, les types de luminaires, les tables tactiles et le patio …
La maquette 3D est plus détaillée en phase Pro. Il est possible d’afficher les parties que le bureau d’étude a intégré dans la partie structure, CVC, électricité. La maquette permet de modéliser et voir les emplacements des interrupteurs, des prises. Le client voit et comprend la maquette et se projette dans le projet fini.
Comme sur la perspective, ce qui est intéressant à cette phase est que le client commence à comprendre qu’au-dessus du faux plafond, il y a de l’éclairage, de la ventilation et que tout cela prend de la place, donc le client comprend les enjeux, les espaces et ce qu’il achète.
On peut faire une coupe dans la maquette et se balader dedans. C’est l’intérêt pour l’ingénieur travaux qui commence à rentrer dans la technique. Par exemple, dans les laboratoires, tous les éléments ont été modélisés : les prises de courant, les arrivées d’air, eau, le calpinage des faux plafonds … Avec la maquette 3D, on sait précisément si les fluides sont bien placés, s’il y a tous les tuyaux…
On a utilisé le logiciel Solibri pour faire la synthèse entre les modèles et vérifier les clashs.
Notre agence a 40 ans et travaillait avec AutoCAD, SketchUp, mais parfois on bougeait une fenêtre en 2D dans le plan et dans la coupe on ne le faisait pas et encore moins dans la maquette. Moi, j’ai commencé à travailler très tôt avec ARCHICAD, j’ai parcouru les autres logiciels mais j’ai préféré les fonctionnalités d’ARCHICAD qui sont plus intuitives et qui répondent exactement à nos besoins.
Quel que soit le logiciel BIM utilisé par les autres parties prenantes, l’objectif est de faire un projet en 3D avec des caractéristiques techniques hiérarchisées. En fait, il faut que tous les acteurs du projet (architectes, ingénieur fluide, ingénieur structure…) communiquent entre eux à chaque phase. Il n’y a pas de méthodologie toute faite, on utilise les IFC si plusieurs acteurs utilisent des logiciels différents. Quand on a livré une maquette BIM, on livre du format IFC.
Le client possède l’IFC de l’architecte où il retrouve l’ensemble des données ainsi que leur provenance, l’IFC de l’ingénieur structure, l’IFC de l’ingénieur fluide, celui de l’architecte … Ensuite, d’autres logiciels peuvent faire la synthèse comme Solibri.
Le client peut avoir un logiciel pour faire l’exploitation de sa maquette et c’est ce logiciel qui doit ouvrir un IFC de la maquette ARCHICAD afin de ne pas perdre de données. Avec le bureau d’études, ce projet a été conduit 100% en BIM et reflète tout le savoir-faire de notre agence.
« Comme tout projet architectural, on laisse une trace pendant de nombreuses années. «
Le piège du BIM est que dès la phase APS, on fait tout de suite un PRO, or le projet évolue… Sur ce projet en particulier, nous avons mis en place une méthodologie assez forte pour faciliter la prise de décision du client. En APS, on avait 7 variantes et le projet a évolué dans tous les sens.
« Ce qui est important est de savoir ce que l’on veut valider à chaque phase et avancer étape par étape. »
Aujourd’hui, notre agence utilise BIMoffice, qui grâce à sa base de données unique rassemble tous les outils de pilotage des projets. La liaison s’effectue entre nos fichiers ARCHICAD et BIMoffice et les économistes sont en train d’apprendre à chiffrer nos projets grâce à la maquette BIM.
Le client a été très satisfait de ce projet qui correspond à ce qu’il souhaitait. Finalement, avoir travailler en BIM a permis au client de se projeter, de prendre des décisions rapides et valider chaque étape du projet. Il y a eu beaucoup moins de surprises pendant le chantier que pour un projet non BIM. Tout a été anticipé et a permis de travailler efficacement en phase chantier et de respecter les délais du client.
En savoir plus sur le projet de l’agence DRLW architectes et ses projets : https://drlw.fr/projets/
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Sont prévus :
Être BIM Manager chez Bouygues Immobilier
Alessandra Peroni présente sa mission stratégique pour le déploiement du BIM au sein de l’Immobilier d’Entreprise ainsi que rôle du BIM Manager, car aujourd’hui les responsabilités associées à cette figure ne sont pas encore complètement partagées.
Chez Bouygues Immobilier, elle précise, le BIM Manager n’est responsable ni de la coordination des études, ni de la synthèse des ouvrages. Il apporte un soutien technique et pédagogique à tous les acteurs du projet et il est en charge d’assurer le respect du cahier des charges et de la convention BIM.
Alessandra a assumé le rôle de BIM Manager sur l’opération Ne.St en interne et, en détaillant son expérience, elle présente tous les acteurs du projet selon le logiciel de modélisation utilisé. L‘ensemble de la MOE a modélisé avec Revit, à part l’agence d’architecture (163 Ateliers) qui a travaillé avec le logiciel Allplan. Bouygues Immobilier encourageant l’OpenBIM, Alessandra et les équipes projet ont composé avec cette complexité, qui a permis d’apprécier en directe les difficultés quotidiennes de cette approche.
Soutenir la collaboration et emporter l’adhésion grâce à des outils fédérateurs
L’objectif principal de Bouygues Immobilier était de « dérisquer » l’opération grâce au BIM, c’est à dire d’avoir une conception plus aboutie et mieux coordonnée afin que – arrivé en phase DCE – l’ensemble des ouvrages soit complètement maîtrisé.
La collaboration chez Bouygues Immobilier se structure autour des maquettes IFC grâce à deux solutions : BIMSync et BIMGate.
BIMSync est une plateforme de travail collaboratif intégrant une visionneuse IFC et un espace d’échange basé BCF qui permet d’adresser des sujets à des intervenants ciblés du projet. Bimsync permet aussi le transfert et la récupération de la géométrie de la maquette et l’utilisation des IFC compilés comme base pour la coordination spatiale et des études.
BIMSync est une solution du marché qui a été sélectionné parmi d’autres sur la base de différents projets pilotes et des retours des collaborateurs au niveau de la facilité d’appropriation et de l’ergonomie de l’interface.
BIMGate, solution développée en interne par le SI de Bouygues Immobilier, est un portail d’exploitation des données des modèles numériques du projet qui permet d’extraire et compiler selon différentes logiques les informations contenues dans les modèles afin qu’elles deviennent significatives pour les équipes opérationnelles de Bouygues Immobilier, qui ne maitrisent pas forcement les logiciels de modélisation natifs. BimGate permet ainsi de suivre l’avancement du projet, notamment via l’affichage des surfaces (administratives et utiles) et des indicateurs de conception.
Alessandra souligne que l’appropriation de Bimsync sur le projet a très bien fonctionné et pour preuve elle montre la quantité d’échanges qui a eu lieu sur la plateforme : sur la durée des études de conception, 541 « sujets » ont été ouverts et ils ont quasi tous trouvé une réponse. Parmi ces 541 questions, la quasi-totalité provenait de la Coordination des Etudes, ce qui montre que Bimsync a été utilisé comme un outil de gestion de projet et un espace de coordination des contributeurs.
Alessandra souligne l’importance de ce type d’outils pour banaliser le BIM, le rendre accessible et emporter l’adhésion au changement.
Bouygues Immobilier est conscient qu’il est nécessaire d’expliciter clairement et concrètement ses objectifs et cas d’usages BIM auprès de ses partenaires ainsi que de soutenir une démarche gagnant-gagnant dans laquelle chacun retrouve son intérêt dans le BIM.
Des changements importants avec le BIM
En regardant la courbe de McLeamy, nous comprenons qu’avec le BIM le fait de déplacer l’effort de conception en amont nous permet de mieux maîtriser le produit immobilier et, potentiellement, les couts associés.
Le risque, toutefois, est celui de rentrer très tôt dans le détail, sans avoir arrêté les grandes lignes programmatiques et techniques, ce qui amène à déformer la courbe McLeamy en augmentant la charge de travail (au lieu de l’anticiper) à cause du temps dédié à la reprise de la modélisation. Cela amène forcement à gaspiller les énergies.
Alessandra constate alors que le BIM amène à restructurer les phases de conception avec une longue phase consacrée à la modélisation/ la production de la maquette numérique, idéalement après le dépôt du PC. Cette phase est le moment de la présynthèse et de la coordination spatiale.
Elle précise aussi qu’une nouvelle approche à la présynthèse se définit avec le BIM : la présynthèse devient embarquée et elle est spontanément réalisé grâce à l’action même de modéliser dans un contexte et une approche collaborative.
De plus en plus, on s’aperçoit que travailler en BIM signifie modifier nos modes de fonctionnement traditionnel. Ainsi, Alessandra Peroni a clos sa présentation avec une citation de Pascal Minault, Président de Bouygues Immobilier, qui soutient le décloisonnement de l’entreprise et de ses métiers. De la même manière, afin que la démarche BIM de Bouygues Immobilier fonctionne, il est nécessaire, non seulement de s’approprier des outils, mais aussi de soutenir un changement de mentalité et de culture qui amène les équipes projet à collaborer mieux et de manière plus structurée.
« Nous devons décloisonner l’entreprise, nos activités, nos organisations et nos modes de fonctionnement. […] Nous devons mieux travailler ensemble, entre nous, avec nos clients, avec nos partenaires, être dans la culture du « co » : coconcevoir, coproduire, coanimer, cofinancer. Finalement : collaborer. »
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L’Université de Caen, un patrimoine éclectique
Le patrimoine immobilier de l’Université à Caen s’étend sur 118 hectares comportant 17 sites sur 3 départements avec un total de 97 bâtiments.
Dès son arrivée au poste de Directeur de l’Immobilier et de la Logistique en 2013, François Caumont et son équipe se sont engagés dans une démarche BIM. François explique : «Nous avions constaté que la maintenance se faisait séparément pôle par pôle de compétences, il n’y avait pas de vision globale dans le service. ». En effet, les problèmes de gestion des locaux étaient nombreux : par exemple, erreur de rationalisation lorsqu’un amphi de 500 places était bloqué pour 10 étudiants, coupure d’électricité sur tout le campus ou encore coupure de chauffage générale dans l’UFR de Droit à cause de tuyaux vieillissants et en mauvais état.
Au-delà de la volonté d’améliorer la maintenance et l’exploitation des bâtiments, quel était l’objectif de la démarche ? Que l’université s’inscrive dans une démarche numérique liée aux méthodes pédagogiques.
Anticiper pour débuter en toute tranquillité
Avant de se lancer, François Caumont et son équipe ont voulu comprendre le fonctionnement d’une démarche BIM et non pas être de simples commanditaires. François Caumont explique : « J’ai prévenu l’équipe que nous allions sortir de notre zone de confort, que l’on allait retourner à l’école, que l’on allait mettre un plan de formation en place, que l’on allait changer nos habitudes de travail, que tout allait changer. ».
Après avoir procédé à un audit qui a permis de faire un point sur les rôles et compétences de chacun dans l’équipe, les besoins du services (tant au niveau matériel que financier) et les prestataires éventuels, les conclusions furent les suivantes : entre 2015 et 2029, l’équipe serait capables d’exploiter et de maintenir le patrimoine de l’Université en BIM de façon autonome.
Stratégie numérique de l’Université : les besoins liés à l’immobilier
Retour sur l’objectif complémentaire à celui d’améliorer l’exploitation et la maintenant des bâtiments, l’inscription de l’Université dans une démarche numérique liée aux méthodes pédagogiques : quels étaient les besoins pour les élèves et les enseignants ?
• Accès au WIFI haut débit à tous les endroits de tous les bâtiments;
• Déploiement et généralisation de la vidéo-projection;
• Gestion du contrôle d’accès;
• Gestion des surfaces (Sequoia et RT-ESR) ;
• Interopérabilité des programmes formant le SI Patrimoine et plus généralement « gestion des données » ;
• Gestion de la vidéo protection;
• Gestion de l’occupation des locaux (ADE : emploi du temps étudiants);
• Gestion du comptage des énergies;
• Interconnexion des locaux d’enseignement avec le CEMU;
L’exploitation et la maintenance de ces matériels seraient optimisées grâce à la méthode BIM avec un objectif principal de diminuer les coûts d’exploitation (masse salariale, gestion des erreurs, plan qualité, etc..).
Deux opérations pilotes
Premier projet : la rénovation du Bâtiment B (2014 – 2015) pour laquelle ont été identifiés des inconvénients et points de vigilance dès le départ.
• Entrée dans l’innovation donc gestion de l’inattendu
• Changement du management de l’information
• Dérapage financier en cas de mauvaise appréhension de l’intérêt du BIM et des objectifs poursuivis dans sa mise en place.
• Evaluation du niveau de compétences des acteurs internes et externes (étude sur le périmètre du territoire local)
• Impacts sur les budgets
• Nécessité d’opérer sur un bâtiment « enseignement » et un autre « recherche »
• Perte de contrôle dans les objectifs fondamentaux
• Risque de dissipation de l’effort collectif et de la cohésion du groupe
Ces inconvénients ont été contrebalancés par certains avantages et intérêts :
• Bâtiment innovant avec une prise en compte du numérique (connectivité interne et externe du bâtiment)
• Coût global et exploitation/maintenance optimisés pour les années à venir
• Nécessité d’appréhender les matériels à prendre en compte dans le BIM pour la gestion de l’exploitation / maintenance
• Amélioration de la gestion des données patrimoniales et financières (amélioration de la connaissance des coûts d’exploitation et de leurs périmètres)
• Fédération et dynamisation de l’équipe autour d’un objectif commun
• Montée en compétences de la fonction immobilière
• Identification des rôles et des responsabilités (RACI)
Quel bilan l’Université a-t-elle établi au sortir de l’opération ? L’équipe a bénéficié d’une montée en compétences managériales et organisationnelles et a fait ses preuves concernant sa capacité à conduire le changement.
Le second projet pilote a concerné un bâtiment très complexe et dédié exclusivement à la recherche : une station marine, en bord de mer avec une station de pompage, à marée haute qui permet aux chercheurs de faire des études sur le milieu marin. C’est la première fois qu’une démarche BIM est mise en place pour un tel bâtiment. L’opération est en cours.
Des économies… financières, sociales, environnementales… grâce au BIM
Au regard de la mise en place de ces opérations pilotes et des moyens pré-existants, un retour sur investissement attendu a pu être établi.
Les coûts estimés, eux, sont consultables ci-dessous :
Lors de la présentation de ces tableaux, un invité a expliqué que, selon lui, le BIM ne générait pas des économies en soi, mais grâce à l’information qu’il contient, il était un bon outil d’aide à la décision. »
François Caumont a renchéri : selon lui, il existe bien des économies liées à l’adoption d’une démarche BIM : elles sont financières, sociales, environnementales voire liées aux ressources humaines. Concernant l’Université, les gains seront constatés à l’horizon 2024.
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Les bonnes questions
Anis Naroura entame un tour de table en début d’intervention. Qui parmi vous a-t-il déjà été impliqué dans un projet BIM ? Quelles sont les questions que vous vous êtes posées en amont ?
Les participants répondent en vrac : Quels sont les objectifs du projet ? Que voulons-nous obtenir à la fin du projet ? Voulons-nous obtenir des outils pour la visualisation ? Des métrés ? Un outil pour la phase exploitation ? Quels sont les lots à modéliser ? Quel contrat doit-on établir ? Qui fait quoi ? Comment partage-t-on la maquette ? …
Anis Naroura confirme qu’il est capital de se demander « Pourquoi fait-on du BIM et quelle est la finalité de tout cela ? » c’est le point de départ de toute démarche BIM. Il évoque plusieurs objectifs et usages:
Si les équipes partent sur le projet sans objectif, elles navigueront dans le flou.
L’Îlot Pasteur, un projet monégasque à plus d’un défi
Anis Naroura évoque alors le projet de l’Îlot Pasteur pour lequel, en tant que BIM Manager, il a encouragé la Maîtrise d’œuvre à s’interroger.
Il s’agit d’un programme très complexe situé sur une friche ferroviaire désaffectée pour un terrassement de 300 000 m cube.
Anis complète en évoquant 3000 m² de galeries souterraines, comparant le site à un vrai gruyère. Il ajoute que le projet est situé à 7m sous le niveau de la mer et est en zone sismique niveau 3.
Les 11 programmes prévus (11 000 m² de bureaux, un collège de 1 500 élèves, une piscine, un gymnase, un centre de traitement des déchets, …) entrainent l’obligation de dialoguer avec 11 interlocuteurs différents.
En outre, Monaco a une maquette numérique à l’échelle de la ville et chaque nouveau projet doit être fourni en maquette numérique pour qu’il soit intégré à l’échelle de la ville.
Le bâtiment sera livré en 2021.
Anis interroge les participants de la matinale : pour un projet pareil et si vous étiez chef de projet au sein du cabinet d’architecture, quelle équipe imagineriez-vous ? Quelle expérience BIM exigeriez-vous ?
Évidemment, les participants demanderaient une expérience avérée avec une bonne maîtrise d’un logiciel BIM.
Anis détrompe alors l’assistance : les membres de l’équipe en place – hormis un BIM coordinateur – entamaient leur premier projet de cette envergure en BIM. Certains membres de l’équipe ont été formés au logiciel Revit par Anis.
La Maîtrise d’Ouvrage, elle, n’avait pas de BIM Manager.
Correctement accompagnée et consciente des objectifs à atteindre, voici les bénéfices du BIM ressentis par la Maitrise d’Œuvre :
Anis raconte ses échanges avec un bureau d’études important : lorsqu’il l’a interrogé pour savoir pourquoi les équipes n’avaient pas encore entamé une démarche BIM, il a appris que le bureau d’études s’était lancé en 2010 et avait essuyé les plâtres d’une implémentation mal préparée pour un projet test.
A deux semaines de la consultation du projet, le Directeur de projet a d’ailleurs décidé de mettre un terme au travail basé sur la maquette en repassant tout le monde sur le processus classique avec Autocad pour finaliser le dossier en urgence. La leçon à tirer de cette débâcle ? Être mieux accompagné pour le prochain test.
Pour le projet de l’Îlot Pasteur, il était impossible que l’équipe abandonne en cours de route : la principale préoccupation d’Anis a donc été d’impliquer tous les partenaires dans la collaboration et le travail autour des maquettes et de faire en sorte que chacun soit producteur ou exploitant de celles-ci.
Pour ne pas pressuriser les équipes ou « faire peur » avec le BIM, Anis a décidé de délivrer les bonnes informations au bon moment sans précipiter les choses, faisant avancer les équipes à leur rythme.
La Maîtrise d’œuvre était géographiquement dispersée avec des architectes à Monaco, un bureau d’études réseaux à Nice et un bureau d’études structure à Marseille. Chacun modifiant la maquette numérique en direct, Anis précise que ce projet s’est donc déroulé en BIM niveau 3.
Les équipes ont collaboré via une plateforme collaborative avec une possibilité de s’échanger des documents et de déclencher un circuit de validation entre tous les acteurs.
Le projet de métro de Riyad
L’Arabie construit actuellement 6 lignes de métro : comptez un budget faramineux de 26 milliards de dollars, 7 dépôts, 87 stations, 180 km de lignes et 10 stations aériennes…
Avec Setec TPI, Anis a travaillé sur la conception de deux dépôts tous corps d’état. L’un aérien et l’autre complètement enterré en plein centre-ville : les équipes étaient chargées de proposer le concept et de livrer les maquettes aux constructeurs.
Il y avait 5 700 livrables à fournir et à gérer – tous extraits des maquettes – pour les deux dépôts.
La complexité et la quantité d’information à apporter étaient considérables car la maquette devait servir à construire. Sans l’aide du BIM, Anis estime que l’on aurait eu besoin de plus de temps et de multiplier par 4 les équipes. Anis défie d’ailleurs les participants de la matinale à trouver des erreurs d’information – et non de conception – : c’est impossible car tout est géré automatiquement.
A la genèse du projet, la question de l’anticipation des besoins du client s’est d’ailleurs posée, comme pour le projet monégasque : en effet, à la lecture de la première version du BIM exécution plan, Anis a été très surpris de trouver une information trop générique.
Il lui semblait impossible de s’engager dans le projet sans que soient précisés des éléments incontournables : que devait-on trouver dans les maquettes ? Quel niveau de modélisation était attendu ? Comment devait-on nommer les objets ? Quelle information serait véhiculée ? etc…
Sans ces éléments, Setec se serait engagé à travailler indéfiniment pour satisfaire le client. Le BIM exécution plan a donc été retravaillé et est passé de 33 à 72 pages, faisant la preuve que même les plus grands doivent définir clairement leurs besoins, appliqués à chaque projet, avant d’entamer une démarche BIM.
La Grande Arche de la Défense, DOE numérique
Le projet concernait la réhabilitation et la rénovation de l’aile de la paroi sud de la Grande Arche ainsi que l’ouverture du toit au public.
Le ministère de l’Environnement, qui y a installé ses bureaux, voulait centraliser les données, pouvoir y accéder rapidement, visualiser l’information par la GMAO et définir sa future stratégie de gestion. Eiffage construction a donc fait appel aux équipes d’Anis pour créer une maquette numérique destinée à s’interfacer avec la GMAO pour le compte du ministère.
Le résultat : une maquette tout corps d’état livrable par batterie de 7 niveaux. Le challenge : que la maquette contienne une information fiable et précise. Par exemple, il fallait identifier les objets et leur associer la bonne information : luminaire 1, luminaire 2 et luminaire 3 devaient être classifiés (un code UNIFORMAT unique pour chaque objet), renommés, renseignés et distingués les uns des autres.
Il fallait faire ce travail pour 2 000 catégories, 55 000 champs de paramètres d’information, lier aussi toute la documentation, les fiches techniques et modes d’emploi de pose, …
Ici aussi la question de l’anticipation a été au cœur du projet : afin de rendre un modèle fiable (fichier natif Revit et IFC), les équipe d’Anis – qui arrivaient en cours de route et n’avaient donc pas la mémoire du projet – ont dû « refaire le travail » en s’appuyant fortement sur la chef de projet côté Entreprise.
« A quel moment de la phase du projet aurait-il fallu prendre la décision de réaliser la maquette d’exploitation maintenance ? » interroge Anis.
La réponse ne varie pas : le plus tôt possible. Si le travail avait été anticipé, les champs nécessaires auraient été ajoutés à la maquette et les entreprises auraient pu les renseigner. Il aurait été beaucoup plus simple de capturer, au moment opportun, les informations nécessaires qui ont été de toute façon, manipulées et produites par les entreprises sous forme de PDF.
Ici, l’information n’avait pas été consignée – donc maîtrisée – en temps utile et à nécessité de partir à sa recherche une seconde fois.
Anis conclue son intervention comme suit : « Faire du BIM pour faire du BIM, ne garantit pas d’en tirer pleinement le bénéfice. Il faut avoir une vision claire de la direction dans laquelle l’équipe va, la clef de réussite dans chaque projet étant l’anticipation. »
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A l’origine, Tipee n’est pas spécialisé dans le BIM. Cette société basée à La Rochelle rassemble les compétences scientifiques et techniques complémentaires de plusieurs profils de chercheurs et d’ingénieurs. Chacun d’eux est spécialisé dans différentes thématiques du bâtiment durable pour répondre efficacement aux enjeux de la transition énergétique.
Depuis 2014, Tipee a développé une activité numérique autour de plusieurs axes : l’assistance à MOA, le BIM management et le consulting (par exemple pour l’Union Social pour l’Habitat ou la Fédération Française du Bâtiment).
Cécile Jolas coordonne ce pôle, né avec le projet présenté lors de la matinale.
Porté par l’Office Public de l’Habitat de l’Agglomération de La Rochelle et coordonné par Tipee, Rupella-Reha est un projet lauréat de l’Appel à Manifestation d’intérêt (AMI) lancé par l’ADEME sur le thème « Bâtiments et îlots à énergie positive et à bilan carbone minimum ». En 2013, Tipee remporte l’appel d’offre.
Une petite opération pour « tester » le BIM
Il s’agit d’une petite opération de réhabilitation de 16 logements à La Rochelle : 1 000 m² pour 650 000 € HT de budget travaux.
C’est à partir de cette opération test que l’ensemble des méthodologies BIM que Tipee utilise désormais au quotidien ont été conçues. Tipee a accompagné – et été accompagné – sur ce projet par le cabinet d’architecte et la MOA qui lançaient eux aussi leur activité BIM.
Fin 2013, début 2014, la question de « se lancer » en BIM était loin d’être l’évidence. Cécile Jolas explique même « à l’époque, tout le monde était en mode découverte totale ».
Le bâtiment en moellon, date de 1954, c’est un ensemble typique de l’arrière-pays charentais, qui propose des logements du T1 au T5 avec une trame répétitive par étage. Le bâtiment n’a subi aucune modification (sur la structure, en terme d’amélioration énergétique,…) : les plans de 1954 sont donc juste.
La réhabilitation en site occupé présente un objectif de 50 kw/mètre carré/an, les architectes auront recours à de l’isolation par l’extérieur.
Le scan 3D, bilan mitigé
Au démarrage, la décision a été prise de tester la technologie scan 3D pour le projet.
En 2014, le prix était prohibitif : le scan a coûté 8000 euros pour 1000 m pour le relevé de points uniquement (pas de modélisation donc).
Il s’agissait aussi d’une opération en site occupé : pour faire ce relevé il fallait l’accord des locataires : ce scan constituait un accès à la vie privée. Il a aussi été nécessaire de prendre rendez-vous avec chacun des locataires.
Le constat d’une telle opération est aujourd’hui mitigé tant elle a été chronophage : il a fallu un jour de travail pour l’extérieur et quatre jours pour l’intérieur. Chaque appartement a été relevé en une heure.
Effectivement, l’avantage d’un tel scan est qu’il n’a plus été nécessaire de revenir sur le site pour faire des relevés complémentaires mais les appartements étant occupés, le mobilier et les personnes présentes faussaient parfois les relevés.
Neuf versions de la maquette numérique en un an
La Maîtrise d’œuvre (cabinet d’architecture et bureau d’études) a spontanément proposé de monter la maquette numérique du projet à partir du nuage de points : elle s’est formée et s’est équipée en logiciels dans cette optique. L’architecte a opté pour Archicad tandis que les bureaux d’études s’équipaient de Revit. Le projet étant une commande publique, il devait obligatoirement être livré au format d’échange IFC.
La première maquette numérique n’était pas « exceptionnelle » selon l’euphémisme utilisé par Cécile Jolas. Il a fallu 9 versions pour qu’elle soit parfaitement exploitable et importable/exportable en IFC.
A noter : aujourd’hui l’architecte de l’opération intervient en tant qu’expert lors de journées consacrées à l’échange de maquettes entre différents logiciels. C’est ce projet qui lui a permis de développé une telle expertise.
La qualité des maquettes
Pour réaliser sa maquette numérique, le bureau d’études Fluides a d’abord fait le choix d’un logiciel qui n’a « rien donné », finalement il s’est équipé de Revit.
A ce stade de la présentation, Cécile Jolas fait un point sur la nécessité d’une maquette complète et détaillée pour rendre son exploitation possible. Par exemple, dans le cas de la maquette Fluides, il fallait que l’intégralité des raccords (au-delà des gaines et des conduits) soient présents afin de faire des calculs pertinents. Cécile Jolas insiste sur la nécessité pour les fabricants de fournir leurs objets BIM.
Les équipes de Tipee se sont concentrées sur la qualité des maquettes, et la nécessité d’obtenir des éléments exploitables pour les études… Avec des maquettes « parfaites », la partie synthèse a été réduite : il a simplement fallu les superposer.
Afin d’obtenir cette qualité, Tipee a beaucoup travaillé sur les documents de travail remis aux acteurs du projet. Par exemple, l’équipe a développé une méthode de revue de la maquette très précise : chaque élément qui n’était pas correct était capturé et intégré dans un excel avec la mention de ce qui n’allait pas pour que le concepteur de la maquette puisse faire les corrections.
La partie chantier
Le projet est aujourd’hui en chantier. Cette partie a d’ailleurs posé question à Tipee : comment intégrer au BIM les très petites entreprises rochelaises qui travaillent sur le chantier (en corps d’états séparés) ?
L’intégration a été faite sous l’angle du numérique et de la collaboration : les entreprises ont été priées de se connecter sur la plateforme mise en place par Tipee (sur la base de l’actuelle Kroqi du PTNB). Elles devaient remettre les fiches techniques des produits posés, leurs références commerciales, leurs garanties et notices d’entretien…
L’arborescence de la plateforme a été travaillée sur mesure pour le projet avec la MOE et chaque entreprise disposait d’un espace dédié à son lot pour déposer ses documents.
Au démarrage, une telle opération a demandé beaucoup de pédagogie et d’assistance technique mais aujourd’hui ces entreprises voient l’intérêt de cette numérisation.
La MOE en premier car elle récupère très simplement les fichiers : cela a grandement facilité la réalisation du DOE, par exemple.
Le projet sera livré en 2019, Tipee continue d’accompagner les acteurs du projet pour favoriser leur montée en compétence.
En parallèle du projet, la conception d’un outil d’optimisation des coûts énergétiques
A partir de ce projet test, Tipee a aussi souhaité aller plus loin en créant un outil plus en lien avec les compétences premières de l’équipe : l’optimisation des coûts de l’énergie pour des projets neufs ou de réhabilitation. Ce projet a été soutenue par l’ADEME.
En règle générale et pour un projet comme celui que Cécile Jolas a présenté, on étudie deux ou trois scenarii de réhabilitation. L’économiste, le bureau Fluides, etc. font leurs quantitatifs et simulations de leur côté…
L’outil développé par Tipee passe en revue plusieurs scenarii intéressants pour assister au mieux la conception. Sur la base des informations produits trouvées dans Edibatec, il intègre des variables différentes pour le plancher haut, les murs, les fenêtres, le plancher bas, les menuiseries extérieures, le système de prod de chauffage, etc.
Ces différents produits sont associés pour déterminer quelle est la combinaison de produits la plus optimales et le meilleur rapport coût/consommation/performances. Ce sont quelques milliers de combinaisons possibles qui sont calculées par cet algorithme (ce qui représenterait environ 200 ans de travail pour un être humain)
L’intérêt de l’outil ? Privilégier les produits innovants et performants (au-delà de ceux que l’on aurait choisi par facilité ou habitude).
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Camille Foucher (Développeur / Intégrateur Unity 3D en Réalité Augmentée et Virtuelle chez Bloc in Bloc) et Arthur Rousseaux (Associé gérant de Liber – D) étaient présents pour compléter la présentation des projets présentés.
Emmanuel Sorin a voulu donner un sens particulier à cette matinale : en présentant un panorama de projets pour lesquels chaque enjeu était différent, il explique la capacité du numérique à représenter ce qui est pour mieux comprendre le bâtiment.
La présentation démarre avec une comparaison : pourquoi réaliser un relevé avec le nuage de points et quels sont les avantages de ce processus par rapport à une méthode en 2D ?
Avec la méthode classique 2D :
Avec le relevé 3D et la méthodologie BIM :
Le processus de modélisation de l’Agence SONA
Pour son processus de modélisation, l’Agence SONA travaille avec trois logiciels : Scene (le logiciel de documentation 3D de FARO), ReCap (capture de la réalité et numérisation 3D) et Revit Architecture.
Scene permet de choisir le point de base d’altimétrie, la hauteur sous-plafond, la hauteur sous-poutre, les dimensions des éléments bâti.
ReCap permet de nettoyer les points et de créer des zones. Il permet d’indexer les zones relevées dans un fichier : une url est dédiée à chaque zone pour l’identifier et la géolocaliser.
Revit est là pour la modélisation. Avant de passer sur ce logiciel et de « mettre un mur », il faut compter plusieurs journées de travail. La modélisation se fait en 4 étapes :
Si ce travail n’est pas fait en amont, la modélisation se passe mal et le relevé n’est – au final – pas fiable.
Après ce point technique, Emmanuel propose un panorama de projet et l’utilité du recours au BIM pour chaque situation
Afin de comprendre la structure d’un bâtiment et l’utilité d’une partie de la façade, l’architecte a demandé la modélisation du bâtiment en deux « morceaux », l’un comprenant la partie sur laquelle portait l’interrogation, l’autre ne la comprenant pas. Ainsi pour la réhabilitation du bâtiment, des études pourraient être faites en gardant ou pas cette partie de la structure.
Si le maître d’œuvre doit ici avoir recours à la modélisation (étape suivant le nuage de points) c’est parce qu’ici – au-delà du simple relevé – il était utile d’intégrer l’intelligence de l’ingénieur qui dit « cela devrait être comme ceci, bien que l’on n’en soit pas sûr. »
Artelia a demandé une analyse à l’Agence SONA pour comprendre comment remplacer de nouvelles machines situées dans une usine, le bâtiment est important avec de nombreux obstacles pour le déménagement (ascensorie, VMC, hauteur sous plafond d’1m70…). Comment est-ce que ce déménagement pouvait être organisé, la taille des machines ne serait-elle pas problématique ? Dans ce cas présent, on s’éloigne du métier de l’architecte, le travail de SONA permet d’obtenir une garantie dimensionnelle : le modèle numérique permet de migrer vers une étude technique.
Le relevé d’ossature du magasin 3 de la Samaritaine (un bâtiment ceinturé en béton puis une ossature métallique) était problématique. Afin d’obtenir un détail très précis de la structure, la Maîtrise d’Ouvrage a fait appel à l’Agence SONA pour scanner entièrement le bâtiment. A l’issue du travail de l’agence, chaque poutre a reçu un numéro d’identification qui permettait à l’architecte et au Bureau d’études Structure de – par exemple – définir les poutres sur lesquels agir en premier pour la réhabilitation. Ici la maquette de l’Agence SONA est utilisée comme un outil de diagnostic.
Des usages multiples
Outil d’aide à la décision, étude technique, outil de diagnostic ou encore réalité augmentée pour un musée, support de communication… On l’a compris, les usages de la maquette numérique sont nombreux : l’important étant de définir les enjeux de la modélisation du bâtiment avant de le modéliser.
En règle générale, plus le foncier est cher, plus la Maîtrise d’Ouvrage va faire appel au BIM pour accompagner un projet.
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L’ADN d’AGP : le patrimoine
Art Graphique & Patrimoine est née en 1994 de la passion pour les métiers de la pierre et de la restauration des monuments historiques. Son pôle R&D, spécialisé dans le relevé 2D et 3D architectural et archéologique, a contribué au fil des années à l’évolution des techniques digitales pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine.
Projet par projet, entre savoir-faire traditionnel et esprit novateur, AGP a collectionné plus de 1700 références prestigieuses en France et à l’étranger. Aujourd’hui elle est considérée comme l’un des leaders en France dans son métier.
L’agence est dotée d’un Pôle BIM qui est géré par Esther Sélo.
BIM et patrimoine existant : l’exemple de la Villa Majorelle
Esther Sélo expose la méthodologie de l’agence concernant la conception de maquette pour la modélisation de patrimoine existant.
La création du double numérique du bâtiment commence toujours par un relevé laser sur site. Selon la complexité de son architecture, le bâtiment peut demander plus ou moins de travail.
La Villa Majorelle – qui est le premier exemple de bâtiment exposé lors de la matinale – a demandé un travail poussé car il s’agit d’un ouvrage très complexe architecturalement. Avec ses sculptures, ses décors typiques Art Nouveau, ses formes ornementales, florales et organiques, il a nécessité pas moins de 275 positions de scan sur le site, à l’intérieur et à l’extérieur.
Pour créer un double numérique parfait, les équipes mixent plusieurs techniques : elles procèdent à la captation laser du bâtiment et à sa restitution en photogrammétrie. Ensuite, elles assemblent ces données en un nuage de points. Pour la Villa Majorelle le nuage de points était composé de 40 milliards de points : la précision du relevé était assez exhaustive.
Après le relevé sur site, les équipes procèdent à l’assemblage du matériau obtenu : elles réunissent les stations mais procèdent aussi à des calculs topographiques pour s’assurer qu’il n’y a pas de déviation des stations.
La visionneuse Webshare permet de faire des prises de côtes rapides, sans nécessiter de déplacements supplémentaires sur le site.
Le bâtiment entièrement modélisé à partir du nuage de points, véritable IRM de l’ouvrage, est ensuite inséré dans Revit pour finalement créer cette maquette numérique.
Les objets BIM
Les équipes d’AGP travaillent occasionnellement avec des objets génériques compris dans Revit ou selon l’ouvrage d’étude avec des objets trouvés sur Polantis.com. Cette utilisation permet de réaliser les nomenclatures à partir desquelles les BE et les architectes réaliseront leurs quantitatifs et ainsi se faire une idée plus précise de l’économie du projet.
La particularité du travail d’AGP, spécialistes de la modélisation BIM du patrimoine existant, consiste dans la conception d’objets sur mesure à partir du nuage de points.
L’importance de ne pas interpréter
Les éléments sur lesquels aucune information n’est connue sont systématiquement indiqués sur la maquette nécessitant un travail de sondage et diagnostic.
La connexion des réseaux, pour fournir un exemple, fera l’objet d’une attention particulière : les raccords peuvent être interprétés à condition que cette interprétation soit notifié sur l’objet à travers un code couleur ou un commentaire.
Les potentielles exploitations de la maquette numérique
Esther Sélo conclue sa présentation avec une l’éventail des exploitations possibles du BIM en ce qui concerne le patrimoine existant.
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